L’alchimie trouvée d’un chef avec son orchestre

par PAUL K’ROS
Publié le 7 février 2019 à 15:41

Début d’une odyssée avec le chef de l’Orchestre national de Lille, Alexandre Bloch, dans l’univers de Gustav Mahler.

Acclamés par deux mille spectateurs enthousiastes, Alexandre Bloch et les musiciens de l’Orchestre national de Lille ont ouvert vendredi 1er février une page nouvelle dans la belle histoire de la formation symphonique phare des Hauts-de-France. Il n’est sans doute pas exagéré de penser que l’interprétation de la première symphonie de Gustav Mahler, inaugurant une odyssée au long cours dans le vaste univers mahlérien, scelle l’accord parfait et durable entre le jeune chef en poste depuis septembre 2016 et son orchestre qui fête allègrement ses quarante ans tout en se renouvelant grandement.
Cette alchimie entre un directeur musical et le corps tellement multiple et divers des instrumentistes de l’orchestre est fragile et jamais acquise d’avance.

Alexandre Bloch à la baguette pour une première symphonie de toutes les couleurs.
© Ugo Ponte / ONL

Une acoustique impeccable

Pari gagné avec cette symphonie, parfois nommée « Titan », du compositeur encore jeune et imprégné de ses émotions et souvenirs d’enfance (il le sera toute sa vie et tout au long de son œuvre). Il nous en fait voir de toutes les couleurs, passant d’un éveil champêtre et d’une flânerie bucolique aux éclats cuivrés d’une kermesse villageoise que vient croiser un cortège de cordes aux allures bien chaloupées pour retrouver ensuite les accents familiers de Frère Jacques, comptine de notre enfance à tous. 
On pourrait en dire long sur les silences comme sur les effets de surprise et les explosions sonores soudaines qui vous galvanisent ; sur les sonorités si singulières des cordes et autres timbres moqueurs qui annoncent déjà les couleurs orchestrales de Dimitri Chostakovitch, cet autre géant de la musique symphonique du XXe siècle.
Un mot pour souligner également l’excellence de l’acoustique de ce vaste auditorium du Nouveau Siècle où du rang le plus éloigné et le plus haut perché on distingue clairement le moindre souffle de flûte, de basson ou le plus infime effleurement de timbale. C’est parti pour une exploration découverte des neuf symphonies de Gustav Mahler à laquelle Alexandre Bloch a l’heureuse idée d’inviter les milliers de mélomanes de la région qui ne demandent que ça… 

Précisons aussi que cette première symphonie avait été jouée au Phénix de Valenciennes. Au Bateau Feu de Dunkerque, le concert avait été annulé suite au mauvais temps, notamment les chutes de neige.