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La propagande nazie dénoncée avec humour et émotion

CINEMA

par Michèle Loth
Publié le 7 février 2020 à 14:16

> Jojo rabbit

Pour évoquer l’impact de la propagande nazie sur les esprits des jeunes Allemands, le réalisateur Taika Waititi choisit deux voies complémentaires, celle du sarcasme humoristique et celle de l’émotion. L’humour est présent dans la représentation caricaturale d’Hitler qui hante le cerveau de Jojo, âgé de dix ans. Jojo rêve de devenir un homme « viril et courageux » pour défendre une Allemagne dont l’avenir serait mis en danger par de nombreux « ennemis » parmi lesquels les « plus rusés » seraient les Allemands identifiés en tant que juifs par le pouvoir nazi. L’émotion apparaît progressivement dans un scénario qui dévoile les doutes du jeune Jojo quand il fait la connaissance d’Elsa, une jeune fille juive cachée par sa mère Rosie, en apparence nazie et de fait affiliée à un réseau de résistance, une mère à laquelle s’identifie parfaitement l’actrice Scarlett Johansson.

Le choix du cinéaste n’est pas facile car il doit faire face à des comparaisons avec des films cultes tel Le dictateur de Chaplin ou La vie est belle de Roberto Benigni ou à des critiques exigeantes quant à la qualité de l’humour dans une comédie mélodramatique qui traite d’un sujet épineux, celui du nazisme et de ses conséquences inhumaines. La comédie de Taika Waititi , qui n’est pas vraiement une comédie, montre des faiblesses mais le cinéaste réussit à capter notre réflexion sur l’engrenage d’une idéologie qui manipule les esprits et à montrer la réalité démoniaque de cette idéologie avec des images fortes telles les pendaisons publiques ou avec des dialogues percutants entre Jojo et Elsa qui démontent la stupidité dangereuse des propos inculqués aux jeunes embrigadés dans les jeunesses hitlériennes.

Jojo rabbit s’adresse à un large public avec quelques réserves quant à l’âge et à la maturité de jeunes qui, en s’identifiant à Jojo et Elsa, découvrent ou redécouvrent une douloureuse période de l’histoire. Roman Griffin Davis dans le rôle de Jojo et Thomasin McKenzie dans celui d’Elsa nous rappellent que la période de l’enfance est celle des rires, des jeux et de la danse et non celle des combats guerriers abominables provoqués par des adultes fanatisés. Tel est le message de Taika Waititi.