« Fascinations russes »

ONL : deux mille auditeurs à la fête avec Vadim Repin et Jean-Claude Casadesus

par PAUL K’ROS
Publié le 24 janvier 2019 à 20:47

Lille, Boulogne-sur-Mer et Aire-sur-la Lys ont pu profiter d’un programme russophile de haute tenue avec l’Orchestre national de Lille, respectivement les 17, 18 et 19 janvier.

Esther Yoo assurait la partie violon pour les concerts de Boulogne-sur-Mer et Aire-sur-la-Lys.
© Ugo Ponte / ONL

Jean-Claude Casadesus a une passion connue pour la musique russe. Il sait la partager avec un public qu’il connaît comme s’il l’avait fait, lequel s’est pressé en masse jeudi 17 janvier à Lille dans le grand auditorium du Nouveau Siècle comble.
Il faut dire que le programme, intitulé Fascinations russes, offrait un visage richement composé avec l’ouverture de fête de Dimitri Chostakovitch, le Concerto pour violon d’Alexandre Glazounov et la Symphonie n° 6, dite « Pathétique », de Piotr Ilitch Tchaïkovski.
La courte pièce de Chostakovitch composée à la demande du Bolchoï pour le trente-septième anniversaire de la révolution d’Octobre nous plonge d’emblée dans une ambiance très enjouée de fanfare festive : cuivres survoltés surfant de concert avec flûtes et bois sur un tapis de cordes véloces. Bref, un air de fête auquel on aspire et qui fait du bien par les temps qui courent.

Virtuosité et raffinement

Le Concerto pour violon de Glazounov s’entend comme une intime conversation du soliste avec l’orchestre empreint d’un romantisme mélancolique dont Vadim Repin sait mettre en valeur les infinies nuances avec raffinement et une discrète élégance dénuée de toute affectation. Du grand art ! Ce merveilleux virtuose a eu la belle idée d’associer l’ensemble des cordes de l’orchestre (en pizzicati) pour un bis original à partir d’une canzonetta napolitaine, O cara mamma mia, utilisée à travers les temps comme chanson mimée, Mon chapeau a quatre bosses, bien connue des écoles enfantines et dont l’air populaire repris au carnaval de Venise a connu plusieurs versions. Vadim Repin y a ajouté la sienne dont les cadences et sonorités teintées d’humour et de fantaisie ont enchanté les auditeurs ravis de retrouver une part de leur enfance.
La déchirante et énigmatique Symphonie fantastique écrite par Tchaïkovski à la veille de sa mort donnait à la fin de concert d’étranges lueurs et l’orchestre prenait par instants des couleurs d’humaine vocalité chorale à s’y méprendre. Rien que du beau et du sensible…
Vendredi prochain, pour bien entamer le mois de février, l’ONL débute son cycle Gustav Mahler avec la Symphonie n° 1 dite « Titan », dirigée par Alexandre Bloch.

Le chef Jean-Claude Casadesus et le violoniste Vadim Repin le 17 janvier au Nouveau Siècle, à Lille.
© Ugo Ponte / ONL