Centenaire du Parti communiste

Des ateliers d’écriture pour les 100 ans du PCF

Publié le 21 mai 2021 à 16:20

Dans le cadre du centenaire du Parti communiste français, le collectif Culture de la Fédération du Nord a mis en place des ateliers d’écriture. Ils ont démarré en octobre 2020 et dureront jusqu’en mai 2021 avec une restitution prévue en juin. Liberté Hebdo, partenaire de l’opération, publie régulièrement une chronique autour de ces travaux dans ses pages Arts et Culture.

« Tout le monde n’a pas eu la chance d’avoir des parents communistes »... J’ai eu cette chance-là ; pas par mon père décédé en 1938 de la tuberculose ramenée de la guerre 14-18, mais par mes oncles maternels, tous devenus communistes. Voici deux photos d’il y a 100 ans : mon père dans un hôpital militaire, une jambe cassée, parmi tout un groupe d’éclopés... Une autre avec la famille Peyrat, celle de ma mère : huit enfants , six garçons et deux filles... Sept sur la photo... Il manque l’aîné, Arthur, pas encore revenu de la guerre. La haine de la guerre les conduira, dans l’écho de la Révolution d’octobre, au rapprochement avec le jeune PCF. Arthur comme mon père... Les deux frères suivants, Maurice et Henri, qui devront faire la guerre du Rif (avec leur contingent) en reviendront pour dénoncer les guerres coloniales et rejoindre le Parti communiste dont les députés sont seuls à voter contre cette guerre à l’Assemblée nationale. Ils quitteront la Creuse pour « monter » à Paris. Maurice qui habite le 20e a sans doute fréquenté la Bellevilloise, déjà un cœur battant du Parti, est devenu mécanicien, chauffeur poids lourd. Il s’engagera dans la solidarité à l’Espagne républicaine après le coup d’État de Franco. Et je le verrai l’été 36 arrêter le convoi de camions qu’il emmène en Espagne devant chez ses parents chez qui je passe mes vacances sur la RN 20 Paris-Toulouse... Il nous parlera de cette guerre, des atrocités franquistes. Cela me marquera malgré mon jeune âge. Je suivrai à la radio ces événements. Henri, lui, fait prisonnier en 40, s’évadera, sautant en Champagne du train qui l’emmène en Allemagne. Il passera la ligne de démarcation pour venir se remettre de sa chute chez ses parents où je suis encore en vacances, avant de retourner à Paris. Jules, le suivant, revenu de la guerre en 40, tuberculeux, va vite décéder. Et le plus jeune, Marcel, le petit en costume marin sur la photo, de retour de la guerre qu’il a faite en Belgique et dans le Nord comme agent de liaison motard va bientôt reprendre son vélo pour renouer les fils du Parti clandestin en Limousin, comme inter-départemental Indre-Haute Vienne-Corrèze ... Jusqu’à l’été 44 où il sera arrêté et emprisonné à Limoges. Il en sortira pour devenir député communiste de l’Indre. Je ne sais pas tout alors mais je m’intéresse bien sûr à ces activités et cela comptera dans mon engagement dans la Résistance. En 1943, je suis normalien interne au lycée de Guéret avec une promo de copains d’origine modeste. Nous apprenons qu’un premier maquis FTP vient de se former près de La Souterraine. Un de nos camarades les a ravitaillés pendant les vacances d’été et nous raconte à la rentrée... Nous sommes quatre jeunes communistes qui décidons de créer un groupe FTP dans le lycée tout en continuant nos études. Ce sera le « Groupe René Laforge » du nom d’un jeune normalien de Dijon fusillé par les Allemands. C’est le début de mon engagement dans la Résistance, un engagement qui continue...