© Ugo Ponte/ONL
Orchestre national de Lille

Inauguration de l’auditorium Jean-Claude Casadesus

par PAUL K’ROS
Publié le 10 mars 2023 à 10:58

La musique toute la journée avec l’orchestre national de Lille : Nouveau Siècle le midi avec le quatuor Filla… auditorium Jean-Claude Casadesus le soir.

Vendredi dernier, sur le coup de midi, le grand auditorium du Nouveau Siècle à Lille (le même soir il aura changé de nom) bruisse déjà d’une belle affluence et le parterre est copieusement rempli en l’attente d’un de ces « concerts flash » concoctés par l’orchestre national de Lille ; une belle évasion musicale en plein mi-temps de la journée. Quatre instrumentistes de l’orchestre : Sébastien Greliak et Thierry Koehl (violons), Cécile Vindrios (alto) et Sophie Broïon (violoncelle) réunis sous l’appellation « quatuor Filla » vont faire résonner les flamboyances sonores de Webern, Bartók et Chostakovitch ; le Langsamer Satz de Webern nous embarque au fil de l’eau et des méandres de l’intime murmure amoureux du compositeur. Le Quatuor à cordes n°4 de Bartók flambe de toutes cordes, archets et aussi de tous doigts dans un pizzicato endiablé au quatrième mouvement ; quand à Chostakovitch, ce sont des sonorités sans pareille et l’effet de surprise permanent - soit dit en passant, ne ratez pas la 8e symphonie (Stalingrad) de Chostakovitch le 2 mars prochain en soirée.

Le quatuor Filla en concert flash à la mi journée ce vendredi 17 février au Nouveau Siècle.
© Ugo Ponte/ONL

Le même vendredi, sur le coup de 20 heures, l’orchestre au grand complet est placé sous la conduite de son chef fondateur, Jean-Claude Casadesus, pour un programme éclectique avec tout d’abord l’ouverture du Roi d’Ys d’Édouard Lalo, compositeur natif de Lille puis la découverte de la Fantaisie-concerto pour alto et orchestre de Graciane Finzi, sorte de ballade-méditation au cours de laquelle l’alto (Nils Mönkemeyer) solitaire et songeur entre en correspondance très singulière avec certains instruments de l’orchestre, notamment le cor et le piano. La compositrice, qui a été en résidence à l’ONL de 2001 à 2003, était présente pour ce concert. En seconde partie, Jean-Claude Casadesus avait choisi un répertoire et une œuvre qu’il affectionne particulièrement : la Symphonie n°6 « Pathétique » de Piotr Tchaïkovski. Cette symphonie a la particularité de se terminer par un mouvement lent (Adagio lamentoso) d’autant plus bouleversant que sa composition a précédé de peu la mort du compositeur ; à tel point que d’aucuns ont suggéré que Tchaïkovski aurait composé son propre requiem.

Merci Maestro !

Autre moment d’émotion, joyeux celui-là, à l’issue du concert, sur proposition et en présence du président du conseil régional Xavier Bertrand, l’auditorium du Nouveau Siècle, résidence habituelle de l’orchestre, portera désormais sur son fronton le nom de Jean-Claude Casadesus. Un hommage qui vient couronner une bien belle aventure commencée il y a plus de quarante ans ; la rencontre entre un jeune chef d’orchestre d’ascendance russo-catalane et notre région du Nord-Pas-de-Calais, devenue Hauts-de-France. Une aventure que les lecteurs de Liberté ont pu suivre et partager dès les premiers jours pour les plus anciens, du temps du Liberté quotidien, avec les chroniques talentueuses de Claude Fabre, de Jean-Marie Diricq et que Liberté Hebdo a prolongée avec constance depuis. Au cours de ces quarante années, Jean-Claude Casadesus a porté avec la même exigence de qualité la musique auprès des habitants des Hauts-de-France (250 communes visitées, salles des fêtes, usines, hôpitaux, prisons) comme sur les scènes les plus réputées de 32 pays de par le monde, de Saint-Pétersbourg à New York, de Berlin à Buenos Aires, de Paris à Abidjan, de Montréal à Pékin, de Moscou à Séoul, Singapour ou Shanghai. « La musique partout et pour tous », la formule rappelée l’autre soir par Jean-Claude Casadesus résume bien l’ambition qui a toujours été la sienne et aussi la profondeur des liens que le musicien et l’humaniste a tissé avec la population de notre région. Petit clin d’œil à l’histoire de notre territoire, on n’oubliera pas de rappeler que, déjà en 2010, la municipalité de Louvroil (à l’initiative d’Annick Mattighello qui en était la maire, et avec le concours d’Ivan Renar, alors président de l’ONL) avait pour la première fois attribué le nom de Jean-Claude Casadesus à une salle de spectacle vivant nouvellement construite. Merci Maestro !

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