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Les chroniques de JPM à La Chope

Rencontre avec Michaël Moglia, « militant de la cause »

Publié le 17 septembre 2021 à 15:10 Mise à jour le 22 février 2022

Arrivant au comptoir de La Chope avec Michaël, Samir me dit : « T’interviewes des mecs maintenant ? » « Ouais ! Trop de courriers de mâles se sentant stigmatisés. » Günther a aboyé. J’ai pas compris pourquoi. Michaël avait pris une Leffe. Je lui expliquais que je voulais faire un papier sur le prix littéraire du Cheval Blanc dont il est un des créateurs. Mais il y a des gens qui à chaque phrase emmènent ailleurs. On croit prendre une autoroute, et l’on se rend compte que c’est bourré d’embranchements. Michaël est originaire d’une famille ouvrière du Nord, où jamais on parlait politique. « Mais 1988, Renaud, “Tonton, laisse pas béton” et naît une fascination pour Mitterrand. » Formé à l’école Saint-Luc en Belgique, il sera communiquant pendant 20 ans, « de la vieille époque, à la Séguéla, avant que la com’ devienne un objet à faire du fric ». Il travaillera avec Montebourg, Hamon, Mélenchon, « la gauche du PS ». Élu à la région Nord en tant que chargé du tourisme, puis des finances, il lâchera tout ses mandats en 2015 et quittera le PS à l’arrivé de Hollande. « Mais j’ai toujours voté communiste au premier tour. » Günther aboyait encore. Je prenais des notes comme je pouvais. Je voulais parler du prix littéraire du Cheval Blanc, du nom de ce bar du quartier de Wazemmes à Lille : « J’y ai habité dix ans. Témoins d’une énième baston, nous étions plusieurs à se demander quoi faire pour le quartier. Claude Vadasz avait amené la musique, j’avais créé le festival “Mon film” avec Mathieu Bourgasser, il manquait l’aspect littéraire. De là est né le prix du Cheval Blanc, avec l’envie de créer de la convivialité, faire vivre le lieu et amener la lecture dans le quartier. » Michaël continuait en sirotant sa bière : « Il y avait deux risques. Que ça apparaisse comme un truc de bobo, de cultureux pour remplir le bar et se faire plaisir et que cela soit détaché des habitants de Wazemmes. Ils devaient y être associés. » Tout cela était éminemment politique, ressemblant au parcours de Michaël, militant jusqu’au fond du verre de Leffe. « 600 bars ferment en France chaque année. J’ai demandé à ce qu’on labellise ces lieux de brassage social, les guinguettes, les bars, tout comme on a pu le faire pour des lieux plus illustres. Le dossier est dans les mains du ministère de la culture. Il trouve que c’est une bonne idée mais il faut un lien avec la culture. Le Cheval Blanc est une institution et répondrait à toutes ces conditions. » « Ouaf ! » fit Günther !  « Je suis épaté par ces gens qui gueulent pour n’importe quoi, pour des conneries. La critique devient systématique. » D’où peut-être l’envie de Michaël de créer une revue. « La gauche doit revenir aux questions sociétales, la prostitution, les prisons, le bien public. Il y a une richesse à gauche si les vieux laissaient l’espace. L’idée de la revue est de prendre une thématique et d’avancer sur une réflexion politique. » Michaël avait aussi l’idée du festival Panthéon, « faire venir des gens par plaisir, pour qui on a de la bienveillance, sans prétention ». Il se dit « écœuré par le nivellement de la classe politique par le bas. Elle est dépolitisée, ne comprend rien, n’a aucune analyse et grille politique ». En plus d’amener ailleurs, Michaël était actif. « Tout ce qui n’a pas été fait par la gauche, j’ai envie de le faire. » Günther a aboyé encore plus fort. « À mon avis, faut lui donner à boire » me dit Michaël. « Politique jusqu’au bout » j’ai pensé… Ouaf !

Plus d’infos sur prixlitterairechevalblanc.wordpress.com.