Arlette Renard dans « La mère » de Brecht mis en scène en 1979  de Pierre
 Étienne Heyman. © Claudine Hugo
Témoignage.

« Tes indignations contre l’injustice, l’intolérance, la misère. »

par Dominique SURMAIS
Publié le 23 décembre 2022 à 07:59

Arlette, tu es partie un froid lundi de décembre. Les dernières années furent difficiles, le temps où la mémoire se perd, où souvent tu exprimais le désir que tout s’arrête. Toujours, lorsque nous venions te voir, tu chantais « L’Internationale » et toujours nous devions chanter avec toi. Arlette Renard, la première fois que je t’ai vu jouer, c’était dans La Mère de Brecht mise en scène par Pierre-Etienne Heymann, tu étais Pélagie Vlassova et le souvenir reste fort. Un de tes partenaires Yves Ferry écrit : «  Nous faisions foule autour de vous, toute petite, qui incarnait tout le courage d’un peuple. Votre humanité, votre présence, votre humilité rayonnaient sur scène. Cela tenait du don, du service rendu, du travail offert, de l’amour d’un public qui savait vous regarder, vous rendre votre générosité. "Chose simple et difficile à faire..." le théâtre et un monde nouveau nous semblaient aller ensemble, dans un avenir à construire fraternellement. » Arlette Renard, 1m51, grande comédienne, une énergie de géante, une voix ample et précise, un rire sonore, du souffle.... Ton corps était ton outil de travail, le travail avant toute chose. Tes colères froides, emportées, tu ne supportais pas la tricherie sur un plateau, la mollesse. Tes indignations contre l’injustice, l’intolérance, la misère. Ta grande générosité, ton intelligence, ta bonté. Tu aimais les grands textes littéraires, la poésie, tu lisais Baudelaire, Apollinaire, Aragon, Eluard... Tu aimais Schubert, Beethoven, Jean Ferrat, Léo Ferré, les bulles de champagne et ta ville : Roubaix. Spectatrice insatiable et curieuse, les concerts, l’opéra et bien sûr le théâtre, chaque année tu allais au Théâtre du Peuple à Bussang. L’art pour tous, un art populaire, exigeant. Tu disais : «  Quand je mourrai, je ne veux pas que vous pleuriez.  ». C’est raté ! Adieu mon amie, Adieu Camarade....