Photo d’archives/Liberté Hebdo
Décès du poète Lucien Wasselin

Les traces lumineuses de l’ami Lucien

par PAUL K’ROS
Publié le 18 février 2022 à 15:49

Poète en prise avec le monde réel, essayiste, critique artistique au regard vif et à la plume alerte, homme tout de bienveillance et d’élégance discrète, infatigable artisan des jours heureux, l’ami Lucien Wasselin s’en est allé sans crier gare à 76 ans, plongeant famille et amis dans l’affliction mais laissant derrière lui mille traces lumineuses qui ne sont pas près de s’effacer.

Entre Lucien et notre journal Liberté, il y avait une belle histoire de cœur et de raison. Après l’arrêt du quotidien en 1992 qui l’avait très affecté, il avait milité très activement pour la renaissance de Liberté Hebdo et dans une belle préface à un album de sérigraphies d’artistes plasticiens en soutien au journal, il avouait qu’enfant il avait vraiment « appris à lire », à comprendre le réel dans le Liberté qu’il subtilisait à son père quand celui-ci avait le dos tourné. Dans cette préface, Lucien présentait avec une concision sensible les œuvres de ces artistes, Mireille Désidéri, Gérard Duchêne, Roger Frezin, Michel Karpowicz, Pierre Vandrotte engagés avec lui dans l’aventure.

Un poète en Liberté

Il faudrait parler aussi de sa contribution essentielle à la rubrique « Paroles de créateurs » de la revue Espaces Marx qu’il avait inaugurée dès le premier numéro en 1994 avec une présentation du poète Pierre Dhainaut ou encore de son apport aux côtés de Michel Joulé à la réalisation des grandes expositions des éditions annuelles de Festi Marx. Ce sont ainsi des dizaines et des dizaines de poètes, écrivains, artistes plasticiens, connus du grand public ou non, dont les œuvres furent, au fil des ans, mises en valeur. Plus récemment, il avait participé au numéro spécial célébrant le 75e anniversaire du journal Liberté en favorisant la reproduction d’une œuvre phare, « Hiroshima » de Ladislas Kijno, avec lequel il entretenait des liens forts d’amitié et d’activité créatrice, et aussi par la publication d’un de ses poèmes intitulés « Demain » porteur d’espérance : « Non, l’histoire n’est pas terminée. » À l’œuvre partout, Lucien Wasselin a collaboré à de nombreuses revues littéraires, Décharge, Europe, Rétroviseur, Les Annales, et il était membre des comités de rédaction de la Revue Commune et de la publication Faites entrer l’infini. Homme du Nord (très précisément du Pas-de-Calais où il habitait en un lieu-dit joliment nommé le pied d’Argent du côté d’Aubigny-en-Artois), Lucien Wasselin, grand connaisseur et admirateur de l’œuvre d’Aragon, avait édité avec la collaboration de Marie Léger, Aragon au pays de mines, à partir de textes remis par l’écrivain au journal du mineur. Liberté Hebdo et ses nombreux amis présentent leurs condoléances émues à sa famille et à ses proches.