Dominique Sarrazin, adieu la Verrière

par PAUL K’ROS
Publié le 4 janvier 2019 à 17:29 Mise à jour le 10 janvier 2019

Un pot de départ du fondateur du théâtre de la Verrière attire forcément la fratrie. Les amis de Dominique Sarrazin y étaient. Liberté Hebdo aussi.

Ils sont venus, ils sont tous là… Amis de longue date et nouveaux venus, les gens du métier et les spectateurs assidus, tous amoureux du théâtre et familiers de la Verrière, espace de création et d’accueil artistique emblématique en plein cœur de Lille.
Ils sont venus, ils sont tous là, alertés par la rumeur du départ imminent de Dominique Sarrazin, le fondateur et infatigable animateur du lieu.
Vingt-sept ans déjà que Dominique et sa petite équipe ont transformé cet ancien atelier de décors en salle de théâtre dont le confort rudimentaire initial (amélioré bon an, mal an) n’empêchera pas le lieu de devenir un bouillon de culture citoyenne permanent.
Il faut dire aussi que l’homme à l’œil malicieux et au verbe espiègle avait déjà pour lui l’expérience d’une compagnie très bien nommée, La Découverte, créée dix ans plus tôt, à laquelle on associe spontanément les noms de Catherine Gilleron, Annick Gernez, Aline, Ettore Marchica, toujours fidèles au poste, et bien d’autres encore.
Préparée en douce, la réception a vite pris des allures de déambulation dans les escaliers et couloirs secrets de la Verrière par petits groupes choisis au bon vouloir de l’hôtesse du moment, Marie-Pierre Feringue, et conduits par un quatuor de guides de haute volée, Jean-Christophe Viseux, Nicolas Madrecki, Loran Casalta, Cyril Brisse, recrutés et payés rubis sur l’ongle par l’agence en vogue, La Vache bleue Cie, célèbre pour ses grands soirs et ses lendemains qui chantent.

Dominique Sarrazin fin 2012 dans une lecture des « Trois fantômes de Scrooge », à Lille.
© DR

Ces cohortes curieuses et intriguées par la vétuste précarité des locaux purent ainsi découvrir la forge de Vulcain d’Ettore Marchica, scénographe, bâtisseur de décors attitré, ainsi que les différents bureaux dans lesquels furent concoctés année après année les programmes et tournées, sans compter les nuits blanches consacrées à l’élaboration de la montagne de dossiers de demandes de subvention.

Bruno Buffoli va prendre le relais

Fort heureusement ce parcours dans les antres et les affres de la Verrière était jalonné et agrémenté de « spots » animés ici par Céline Dupuis et Hugues Martel en un duo de Petits accrocs d’amour, ou là par Marie Boitel et Esther Vandendriesshe consultant les éditos des plaquettes de saison, ou là encore au détour d’un couloir par un Jean Maximilien Sobocinski affairé, son Jude l’Obscur sous le coude, et une Marie Prête la tête pleine de souvenirs d’une première audition…
La visite terminée, on se retrouva sur le plateau ou l’ami Alain Falliu, transformé en Père Noël, avait la charge d’offrir le cadeau d’usage, un beau livre, au titre de Résistance, cela va de soi. Le temps étant enfin venu de prendre le pot de l’amitié.
Citons quelques noms familiers qui n’auraient pour rien raté ce fraternel rendez-vous : Gilles Defacque, Yannic Mancel, Janine Mazingue, René Pillot, Stuart Seide et bien entendu Bruno Buffoli qui va prendre le relais.
Quant à Dominique Sarrazin, on le retrouvera le mercredi 9 janvier au Théâtre du Nord pour une lecture, avec Charlotte Talpaert, d’un texte d’Anne-Marie Storme.

Théâtre de la Verrière