OPERA

« Don Pasquale », une embrouille alertement menée

par PAUL K’ROS
Publié le 12 décembre 2018 à 14:00

Opéra bouffe de Donizetti, Don Pasquale est joué à La Monnaie de Bruxelles (Belgique) jusqu’au 23 décembre.

Danielle De Niese (Norina) et Michele Petrusi (Don Pasquale).
© Baus

Célibataire bourgeois d’âge respectable, chevelure dégarnie et allure bedonnante, Don Pasquale est tardivement piqué d’envie de convoler et concevoir progéniture afin de priver d’héritage Ernesto son neveu qui refuse un mariage arrangé financièrement avantageux, n’ayant d’yeux que pour une jeune veuve pétillante mais sans le sou.
Le docteur Malatesta, médecin et conseiller de l’oncle vieillissant, est chargé de lui dégoter l’épouse adéquate avenante et soumise. Ce qu’il s’empresse de faire sous forme d’entourloupe et de mariage bidon avec Norina, l’amante délurée promise du neveu.
Tout ira donc de Charybde en Scylla pour le nouvel époux qui sortira marri de la combine et tout finira bien pour les autres.

L’ouragan Norina emporte tout

C’est presque du Feydeau avant l’heure mais avec une musique superbement agencée et des parties vocales aux accélérations parfois vertigineuses.
Don Pasquale, dernier opéra bouffe de Gaetano Donizetti avant qu’il ne sombre dans la folie, est une petite merveille de précision musicale, alertement et rondement menée par Alain Altinoglu qui a durablement conquis le cœur du public de La Monnaie.
Laurent Pelly, dont on connaît l’appétence gourmande pour la comédie, mène l’affaire avec la même précision diabolique dans la conduite d’acteurs et le claquement de portes.
Dans un décor de ville du sud endormie, aux jalousies et volets clos, le salon vieillot et bien ordonné de Don Pasquale aura tôt fait d’être mis sens dessus dessous au propre comme au figuré et prendra de la gîte comme un bateau en perdition dans la tempête des dépenses somptuaires de la jeune épousée et la surcharge d’un équipage pléthorique de domestiques.
La soprano australienne Danielle De Niese chamboule tout ce petit monde, hommes et objets, avec une vivacité moqueuse qui vire parfois à la tornade flamboyante.
Le Don Pasquale de l’Italien Michele Pertusi à la voix de basse pourtant bien arrimée chavire corps et biens, emporté, brisé par cet ouragan au doux nom féminin.
Ernesto (Joël Prieto, ténor), lunaire gagnant provisoire de l’embrouille, semble pourtant avoir la légèreté d’un fétu de paille face à son amante survoltée. Le notaire (Alessandro Abis) ânonne avec une application benoîtement intéressée.
Quant au docteur Malatesta du baryton belge Lionel Lhote, il tire les ficelles avec une assurance professorale stéthoscopique.
Don Pasquale, opéra bouffe de Gaetano Donizetti, jusqu’au 23 décembre au Théâtre de La Monnaie, à Bruxelles. Direction musicale Alain Altinoglu, orchestre et Chœurs de La Monnaie, mise en scène Laurent Pelly.