Poker menteur amoureux et autres manigances

par PAUL K’ROS
Publié le 20 décembre 2018 à 15:25 Mise à jour le 19 décembre 2018

Déjà jouée au Théâtre du Nord, la pièce Ben oui mais enfin bon, de Rémi De Vos, mise en scène par Christophe Rauck, part en itinérance en janvier 2019.

Adeline et Johnny (Caroline Fouilhoux et Adrien Rouyard).
© Simon Gosselin

Tout est possible même l’improbable quand le désir s’en mêle.
Une jeune héritière, Adeline, PDG de PME de retour d’une villégiature au soleil marocain, a le corps brusquement émoustillé et l’imagination qui se met en branle à la seule vue d’un manutentionnaire nouvellement embauché au chargement des camions.
La PDG demande aussi sec à son dubitatif directeur des ressources humaines de dégoter un emploi de bureau de proximité au susdit débardeur et de le convoquer illico presto histoire de lui sonder corps et âme.
L’homme au coup de reins prometteur, répondant de surcroît à l’avantageux prénom de Johnny, s’avère de prime abord peu loquace, n’ayant à la bouche qu’un « Ben oui » parfois assorti d’un « mais enfin bon » tout autant évasif. Cette pénurie de mots ne refrène en rien les ardeurs d’Adeline qui est par ailleurs en passe (si l’on peut dire les choses ainsi) d’épouser un fils à papa « moche comme un pou » mais argenté.
Renaud, le DRH, estimant les lubies luxurieuses de sa patronne néfastes à la bonne marche de l’entreprise, s’y oppose au risque d’y perdre son poste.

Rémi De Vos charge la barque de l’amour fou des mots du quotidien empesés d’exigences sonnantes et trébuchantes et de rapports de pouvoir
Adrien Rouyard.
© Simon Gosselin

Par ailleurs, on découvre tout à trac que l’homme supposé tout en muscles retrouve subitement la parole et les mots adéquats pour déclarer un amour flambant neuf à la secrétaire de la PME, prénommée Marine, croisée le matin même et qui, bien que prudente sur la question, en rougit d’aise et de consentement.
S’ensuit un drôle de jeu de poker menteur à quatre dont on ne dévoilera pas ici les dessous ni l’issue. Avec Ben oui mais enfin bon, Rémi De Vos charge la barque de l’amour fou des mots du quotidien empesés d’exigences sonnantes et trébuchantes et de rapports de pouvoir.
Christophe Rauck assigne aux spectateurs le rôle de témoins privilégiés, attablés qu’ils sont aux postes de bureau de l’entreprise avec vue immédiate sur l’affaire qui se trame dans l’allée centrale de cette plateforme de travail.
Adeline (Caroline Fouilhoux), nimbée de son pouvoir discrétionnaire de PDG jouant avec affectation du charme supposé inné d’une jeune femme bien née, va droit au but avec son DRH (Étienne Toqué), dont l’élégante assurance et le langage choisi de premier de cordée masquent un temps les idées byzantines qu’il a derrière la tête…
L’arrivée de Johnny (Adrien Rouyard) tour à tour balourd endormi, roublard audacieux, amoureux transi, change la donne et le rythme de la pièce, à laquelle Claire Catherine (Marine) apporte un air de midinette souriante éberluée, mais toujours sur ses gardes.
Écrite sur commande pour le Théâtre du Nord et pour quatre comédiens à peine sortis de la cinquième promotion de l’école du Nord, cette petite forme théâtrale, conçue pour être jouée en itinérance dans les Hauts-de-France, sera reprise au Théâtre du Nord à partir du 11 janvier prochain et en tournée.
Ben oui mais enfin bon, de Rémi De Vos, à partir du 11 janvier 2019. Mise en scène de Christophe Rauck.
Tél. : 03.20.14.24.24
Théâtre du Nord