Didier THIBAUT

Un parcours par-delà les frontières…

Publié le 29 mars 2019 à 14:39 Mise à jour le 7 avril 2019

À La Rose des Vents, L’un s’en va, l’une arrive… Marie Didier succède à Didier Thibaut

Sourire un rien moqueur aux lèvres, regard bienveillant teinté de malice, mouvement de la tête légèrement penché comme pour mieux accompagner les inclinations et inflexions du propos toujours solidement étayé et affirmé d’une voix égale, Didier Thibaut mine de rien vient de clôturer trente années à la direction de la Rose des Vents dont il a fait, c’est le ministère de la Culture qui le reconnaît, « une scène de référence au niveau international ».

Didier Thibaut

Il n’est pas si loin le temps où le Festival Next, dont il est l’un des fondateurs, était promu en 2015 comme l’une de douze manifestations les plus innovantes et créatives parmi 760 festivals européens. C’est dire aussi que sous son impulsion depuis 1988, la Rose des Vents (devenue Scène nationale en 1993) tout en accueillant les grandes figures du théâtre Français, sera vite saisie, je le cite, «  d’un tropisme transfrontalier qui ne la quittera plus » devenant en quelque sorte « la plus Belge des scènes françaises » et bien au-delà puisque cette coopération internationale élargie aux divers continents donnera naissance en 2000 au festival Scènes étrangères avant de fusionner huit ans plus tard dans le Next Festival dont on a suivi récemment la 11e édition.

Dans le même temps, la Rose des Vents s’ouvre au renouveau artistique et générationnel, soutient le travail des jeunes compagnies avec le festival Labomatic Théâtres devenu Prémices en partenariat avec le Théâtre du Nord (lui-même boosté par la création en 2003 de l’école professionnelle supérieure d’art dramatique, école du Nord) favorisant l’émergence de nouveaux talents et de nouvelles formes artistiques.

En partance de La Rose des Vents, Didier Thibaut n’a rien oublié de ceux, membres du corps enseignant notamment, qui dans sa jeunesse lui ont rendu accessible l’art et la culture, ni du virus de la politique qui l’a saisi après 68 faisant de lui un responsable permanent de la jeunesse communiste et du PCF dans le Nord et un conseiller municipal de Lille à 24 ans. Il en gardera, le temps de désaccords passé, le goût efficace de l’action collective, le sens précieux de l’analyse dialectique et cet engagement en faveur de l’épanouissement humain de tous ; un solide bagage mis à l’épreuve du réel au centre d’action culturel de Boulogne sur Mer, ensuite à l’Orchestre National de Lille, puis trente années durant à La Rose des Vents formant et fidélisant un public de 2 600 abonnés et de 25 000 spectateurs annuels.

Conscient du travail accompli, Didier Thibaut s’en va… pas très loin toutefois, puisqu’il continuera à mettre ses compétences au service du Conseil économique, social et environnemental des Hauts de France dont il est le vice président à la culture et au tourisme. Il reste bien des choses à faire...

par Franck Jakubek