Les chroniques de JPM à La Chope

Stéphanie Vertray, comédienne, metteure en scène

Publié le 5 mars 2021 à 15:50

La semaine dernière, je finissais ma chronique en prenant un bain glacé. Chers lecteurs, faut jamais faire ça ! Je vais pas vous mentir, trop malade pour aller à La Chope, c’est par téléphone que j’interviewais Stéphanie. Dommage, on aurait probablement bien rigolé. C’est d’ailleurs comme ça qu’elle parle de ses premiers pas sur les planches : « Petite, j’aimais beaucoup la danse. Mais j’étais vraiment mauvaise. La prof me mettait toujours au fond de la scène à faire l’arbre. Comme j’étais la boute-en-train de la bande, elle me faisait jouer les méchants. Mon premier rôle fut la fée Carabosse. » C’est avec la même auto-dérision qu’elle parle de ses sept tentatives infructueuses pour intégrer un conservatoire. C’est à Agen, à l’école de Pierre Debauche, que tout a commencé. « Stagiaire au Festival de Montreuil-sur-Mer, “Les Malins Plaisirs”, des comédiens, m’avaient parlé de cette école. Il n’y avait pas d’audition, pas de jury qui fait la gueule, mais juste une discussion. Ça m’allait parfaitement. » C’est dans cette école qu’elle fera ses premières rencontres artistiques. Suite à une tournée dans le nord avec un spectacle sur les gueules noires, l’équipe monte le collectif « Les Baltringues », une aventure qui durera dix ans. « J’aime beaucoup cette idée de collectif, travailler avec des gens qui n’ont pas envie d’avoir un chef, ni d’être chef. Les compétences de chacun sont au service de tous. C’est une magie, qui n’est pas possible avec tout le monde. » L’entendre parler de son travail avec un tel détachement est loin d’être de la désinvolture, ni de la fausse modestie, mais parce qu’il y a une évidence d’être dans ce métier. Comme celle de jouer en rue : « Le rapport au public est dix fois plus intense. On peut lui parler, le sentir, le regarder dans les yeux. C’est là où est la vie. Jouer en salle, où l’on ne voit pas les spectateurs, c’est un peu flippant pour moi. » Stéphanie intervient aussi en milieu hospitalier avec les Clowns de l’espoir. « C’est toujours de l’impro. Il faut être présent à fond dans l’instant. On ne sait pas comment vont réagir les enfants. C’est un saut dans le vide. Cela permet aussi de relativiser ses petits bobos. » Elle travaille avec la Compagnie On / Off dans le spectacle SMS, « J’adore rentrer chez les gens , c’est émouvant », et sera prochainement dans le spectacle de la Compagnie Les Pâquerettes sur la sexualité des ados vue par les parents, « Qu’est-ce qui m’arrive », mis en scène par Muriel Henry. Elle mettra également en scène « Minute Papillon », un spectacle jeune public sur le temps et le vivre ensemble avec la Compagnie la Rustine qui sera créé en octobre à la Maison Folie Moulins. Sans oublier le spectacle « Parlez-moi d’amour », du collectif des Baltringues qui sera joué le 14 mai à Ath. Stéphanie s’intéresse aux gens, à la société. À l’entendre parler de sa dernière création collective « La Commune de Paris », son attachement aux gens est évident. « Nous rencontrions des gens dans les prisons, des marchés, des crèches, vraiment partout. Durant ce travail, j’ai rencontré “le peuple”, la société. Parler de la Commune ramenait à ces gens qui se sont mis ensemble pour dire “on en a mare”. Tous avaient pris la parole. Ils voulaient tout bazarder et avaient en eux cette utopie d’auto-gestion. On n’apportait pas de réponses, mais on posait les questions : qu’est-ce qui fait que l’on se révolte ? Ou pas… ? Que fait-on ensemble ? » Avant de raccrocher, elle me dit : « J’ai envie de jouer ! », avec, là encore, simplicité, évidence. Stéphanie n’était pas dans la posture. Elle était à sa place, tout simplement.

(Photo : © Hervé Escario)