Les sorties de la semaine

Le cinéma, reflet des souffrances sociales

par MICHELE LOTH
Publié le 6 octobre 2019 à 21:37

Bacurau

Les habitants de Bacurau, dans le sertäo brésilien, sont réunis pour l’enterrement de la matriarche Carmelita. L’inquiétude s’est emparée de cette communauté depuis que le barrage ne fournit plus l’eau nécessaire à sa survie, une inquiétude majorée par la disparition du nom de leur village sur la carte et le vol de drones dans le ciel. Qui voudrait faire disparaître le village et pour quelle raison ? La présence de mercenaires américains armés et violents et la visite du préfet au service des puissances économiques apportent des réponses aux villageois qui s’organisent pour résister avec une détermination et une violence identiques à celles de ceux qui veulent briser le peuple. Le réalisateur du film Aquarius, Kleber Mendoça Filho, et Juliano Dornelles lancent ici un cri d’alerte sur le devenir social du Brésil et plus globalement sur la volonté dominatrice de grandes puissances au service des multinationales dans le monde. Bacurau fait référence aux garimpeiros chercheurs d’or au service de politiciens corrompus, à la légende des cangaçeiros considérés comme de « nobles bandits » au service du peuple et à la rébellion armée contre les gouvernements dictatoriaux. La mise en scène captivante et explosive est à l’image des violences d’une extrême droite dont la puissance représente un danger monstrueux. Bacurau, fiction ou réalité en devenir, éveille les consciences de manière cauchemardesque. Un film politique impressionnant.

Ceux qui travaillent

Frank est cadre dans une compagnie de fret maritime. Une erreur d’appréciation et une gestion effarante d’un « problème » sur un cargo offre à l’entreprise l’occasion de licencier un homme qui a consacré, de manière robotique, sa vie à l’entreprise. Confronté à la quête d’emploi et à un risque de dégradation sociale, Frank réagit de manière glaçante, persuadé qu’il retrouvera l’occasion de profiter d’un marché dirigé par la loi du profit. Olivier Gourmet fait vivre à l’écran un personnage complexe, un homme dont les choix posent de nombreuses questions sur les aspects impitoyables de l’économie ultra libérale. Antoine Russbach créé la surprise avec son premier long métrage, volet d’une trilogie composée de films à venir : Ceux qui combattent et Ceux qui prient.

Au Nom de la Terre

Le père du cinéaste Edouard Bergeon était agriculteur. Accablé par les dettes et les difficultés liées à l’évolution de l’économie agricole, il a décidé de mettre fin à ses jours. Edouard Bergeon aborde, dans un film narratif et empathique, le drame des agriculteurs incités à une productivité de plus en plus intense et à des investissements coûteux, une productivité qui suscite aujourd’hui la méfiance à l’égard du monde paysan. Le film a été tourné dans une exploitation agricole située en Mayenne avec Guillaume Canet dans le rôle principal.

Demain est à nous

José, Arthur, Aissatou… sont filmés par Gilles de Maistre. Ils vivent aux quatre coins du monde, de l’Inde au Pérou, de la France aux États-Unis et parlent de leurs combats contre la grande pauvreté, le travail des enfants, les mariages forcés et pour la préservation d’un environnement fragile. Des paroles et des actes pour un avenir à hauteur de leurs espérances.