« A cause des filles… et des garçons ?! »

Les histoires d’amour commencent mal

par Albert LAMMERTYN
Publié le 3 janvier 2019 à 16:58 Mise à jour le 10 janvier 2019

Au visionnage du dernier film de Pascal Thomas, on est charmé par instants et on s’ennuie à d’autres...

Le dernier-né de Pascal Thomas — A cause des filles… et des garçons ?! — sort le 30 janvier, mais nous avons pu le visionner en avant-première, fin septembre 2018, en ouverture du premier festival CinéComédies, à l’UGC Ciné Cité de Lille, en présence de la conséquente smala de la distribution.
Maintenant que la date est notée sur votre agenda Liberté Hebdo, sachez que le film, en fait de comédie, est saupoudré d’instants mélancoliques, de références culturelles déphasées ou carrément anachroniques, et ponctué d’intermèdes musicaux, tous émouvants, oscillant dans un pays entre la fête et le spleen, comme si les musiciens avaient instillé de l’eau de vie ou du champagne dans le gaz de leur partition. Construit sur une succession de courts récits à l’intérieur du récit, qui le font ressembler à un bon vieux long-métrage à sketches tourné avec la puissance des caméras d’aujourd’hui, À cause des filles… et des garçons ?! charme par instants et ennuie un peu à d’autres, comme la vie fait aux cœurs absolus qui en espèrent plus mais savent s’amuser de ses imperfections salvatrices.

Burlesque et ironie

L’action commence à l’église par les images d’un mariage, duquel le marié lui-même soudain décampe, ce qui permet à Frédéric Beigbeder, qui interprète l’heureux fuyard, de n’avoir eu aucune réplique à retenir puisqu’on ne le reverra pas, sauf en toutes lettres dans le générique final d’un film effectivement tout à fait muet en ce qui le concerne.

Rossy de Palma et François Morel.
© Alexandre Lafaurie

Chacun se doute qu’avec un tel départ les choses de l’amour ne vont pas être simples. La promiscuité propre aux agapes et péroraisons nuptio-familiales (même sans le mari !) favorise la confidence. Une ribambelle de personnages y vont, tour à tour, de la leur. Décidément, chez Pascal Thomas, puisque les histoires d’amour, en tout cas celles-là, commencent mal en général, le rire grince un tantinet, le burlesque et l’ironie s’entrechoquent, la gaucherie et la timidité se caressent à contre-courant, le loufoque s’invite à la table d’Eros, et tout est à l’avenant. Ne pas s’étonner de voir une scène prometteuse en galipettes se résoudre en cambriolage en réunion avec ligotage en règle, Louis-Do de Lencquesaing et Audrey Fleurot se retrouvant saucissonnés à même le sol et la seconde enjoignant le premier à « ramper mieux que ça ». Là nous sommes sans ambages dans le registre de la comédie pure, celle qui planche — à voile ou sans — sur l’incongruité de l’existence humaine.

Pierre Richard.
© Paradis Films

Pierre Richard, quoique invité d’honneur d’un CinéComédies qui se proclame « premier festival du rire-ensemble », n’est pas le plus joyeux drille du film. Preuve que son registre s’est élargi depuis les années 1970. Comme dans Paris pieds nus de Fiona Gordon et Dominique Abel, c’est avec plaisir que les plus de quarante ans retrouvent fugitivement, sous son casque blanc, le clown tendre des « comiqueries » de l’époque, comme un bon vieux chien dans un jeu de filles et de garçons d’aujourd’hui.