> Un triomphe Il est étonnant de constater qu’on se laisse totalement surprendre par une réalisation inspirée d’une histoire vraie dont on perçoit l’issue et qui a marqué la carrière de Jan Jönson, metteur en scène suédois. Cette surprise est due à l’énergie des acteurs, à une mise en scène imprégnée par le milieu carcéral dans lequel ont baigné le réalisateur Emmanuel Courcol, Kad Merad et la troupe de comédiens, à des situations à la fois rocambolesques et touchantes ainsi qu’au texte de la pièce de Samuel Beckett En attendant Godot. Étienne est un acteur qui traverse une période difficile. Afin de survivre financièrement, il accepte d’intervenir dans une prison pour animer un atelier théâtre où il rencontre cinq prisonniers dont il découvre les personnalités complexes et un vrai talent d’acteurs. Il défend alors l’idée de monter un projet ambitieux, sortir ces hommes de la prison pour jouer à l’extérieur dans un vrai théâtre avec un vrai public. Avec le théâtre, les prisonniers s’imprègnent de leur rôle et dévoilent une humanité fragilisée par un lourd passé et un avenir incertain, une incertitude progressivement perçue par Étienne. Un triomphe est un film sur l’ouverture qu’offre le théâtre dans un monde clos et sur la justesse des mots de Samuel Beckett exprimés avec un immense talent par des comédiens surprenants en parfaite symbiose avec la prestation de Kad Merad et la mise en scène d’Emmanuel Courcol.
> Une histoire d’amour et de désir Leyla Bouzid réalise un film à la fois pudique et audacieux sur les interrogations d’Ahmed qui entre à La Sorbonne en ayant fait le choix de découvrir un corpus de littérature arabe consacré à de très beaux poèmes sur le désir sensuel et érotique. C’est dans ce cadre qu’il rencontre Farah, une jeune tunisienne qui vient faire ses études à Paris. Farah est une jeune femme libre attirée par Ahmed, jeune homme réservé, influencé par sa culture ainsi que par la pression de la Cité où il réside, un jeune homme qui se demande s’il est autorisé à ressentir du désir sans amour ou si le désir n’existe que dans l’amour. Avec la découverte des poètes arabes et l’attirance pour Farah, Ahmed oscille entre une relation chaste et une relation audacieuse. Une histoire d’amour et de désir est un film qui aborde plusieurs sujets avec une grande finesse et une certaine tendresse pour Ahmed et Farah ainsi que pour toutes les personnes qui ont une influence sur leurs choix de vie. La mise en scène offre un beau regard sur la personnalité d’Ahmed et sur les jeunes qui vivent leurs premiers désirs et leur premier amour. Le film nous permet d’enrichir nos connaissances sur le passé littéraire et culturel d’une civilisation arabe trop méconnue. Un joli film interprété par deux très beaux acteur et actrice, Sami Outalbali et Zbeida Belhajamor sans oublier la sympathique présence de Diong-Keba Tacu dans le rôle de Saidou, l’ami d’Ahmed.
