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Notre sélection des films à voir cette semaine

par MICHELE LOTH
Publié le 3 mai 2022 à 17:19

> Hit The Road Certains films restent gravés dans notre esprit et c’est le cas du film Hit The Road réalisé par le cinéaste iranien Panah Panahi, un film sobre, intimiste et bouleversant. Une voiture roule dans des paysages splendides et grandioses mais ses occupants ne sont pas des touristes, c’est une famille iranienne, composée des parents et de deux fils, qui prend la direction de la Turquie. Chaque scène qui se déroule sous nos yeux révèle progressivement les raisons de ce « road movie » et révèle parallèlement les sentiments de chacun des passagers, la volonté du père qui ne peut pas être défaillant, l’inquiétude cachée de la mère, celle du fils aîné qui rêve d’être dans 2001 : l’Odyssée de l’espace et qui communique difficilement avec ses proches dans un trajet où le plus jeune fils, turbulent, occupe un espace particulier face à la caméra. Pour ceux qui n’imaginent pas ce que peuvent être l’exil et la séparation avec un être cher qui part « vers l’aube ou le crépuscule », le film est une révélation car il montre un cheminement à la fois douloureux et nécessaire, un cheminement qui comporte des risques partagés avec d’autres familles lors d’une scène particulièrement percutante. L’émotion surgit quand le cinéaste s’attarde sur les visages, quand des chansons d’artistes qui ont dû fuir à l’étranger, des chansons interdites en Iran, racontent le désespoir sur un rythme presque romanesque et dans les dernières scènes où se mêlent sourires et larmes. Panah Panahi a éprouvé un immense plaisir à travailler avec quatre acteurs et actrice dont « la synergie se voit à l’écran ». On peut accorder une mention particulière à la splendide Pantea Panahiha dans le rôle de la mère et à Rayan Sarlak dans le rôle du jeune gamin à la fois insupportable, rieur et tendre, une image de la vie que mérite chaque enfant.

> Ma famille afghane La cinéaste tchèque Michaela Pavlátová a réalisé un film d’animation qui porte un regard particulier sur la situation des femmes et de la famille en Afghanistan en suivant l’itinéraire d’une jeune tchèque, Herra, qui rejoint ce pays par amour pour son mari. Herra découvre toutes les dimensions d’un pays en proie à la violence et au sexisme dont sont victimes les femmes et les jeunes filles. Elle découvre également une famille élargie dans laquelle elle doit trouver sa place au moment où elle apprend son infertilité. C’est l’arrivée de Maad, un jeune garçon handicapé et abandonné qui va donner un nouveau sens à sa vie dans un contexte social et politique que la cinéaste décrit avec nuance et engagement.

> Babysitter L’objectif de la cinéaste Monia Chokri, inspirée par la comédie écrite par Catherine Léger, est très louable car il est question de dénoncer la misogynie qui porte atteinte aux libertés des femmes. Le misogyne est Cédric qui, lors d’une soirée, s’autorise à toucher une journaliste et à lui crier « je t’aime » face à une caméra et ce sans l’autorisation de la jeune femme. Cet acte fait le buzz dans les médias et Cédric perd momentanément son travail. Il décide alors d’écrire un livre avec l’aide de son frère pour comprendre les raisons de ses actes déplacés envers les femmes. Plusieurs personnalités se greffent à l’histoire de Cédric, dont sa femme Nadine qui souffre de dépression postpartum et Nadia, une jeune nurse dont l’attitude extravagante s’avère bénéfique pour Nadine. L’accumulation des situations burlesques et des personnages atypiques nous fait perdre le fil de l’histoire et de la motivation de Monia Chokri. C’est un peu dommage car quelques scènes relancent parfois la dynamique du film sans susciter une totale adhésion à la mise en scène et au jeu des acteurs et actrices.