Laurence Coly (Guslagie Malanga) dans Saint-Omer.

Notre sélection des films à voir cette semaine

par Michèle Loth
Publié le 29 novembre 2022 à 11:35

Les Miens

Roschdy Zem est passé derrière la caméra pour réaliser un film très personnel inspiré par un évènement qui a touché les membres de sa famille, un évènement qui leur a fait prendre conscience que « la famille c’est tout à la fois bonheur, plaisir, colère, tristesse  » et que les non-dits peuvent perturber l’équilibre familial.Moussa joue ce rôle de perturbateur sans le vouloir car Moussa est un homme gentil et empathique envers les siens à la différence de son frère Ryad mais, victime d’un traumatisme crânien, Moussa change soudain de personnalité et assène à chacun des vérités qui ne sont pas jugées bonnes à dire. Il est alors brouillé avec chaque membre de sa famille sauf avec son frère Ryad.Roschdy Zem présente son film comme une narration sur une tranche de vie qui porte un message universel sur la famille. La prestation du duo Roschdy Zem-Sami Bouajila et celle de Maïwen qui a participé à l’écriture du scénario contribuent au caractère généreux et chaleureux d’une réalisation à l’image de l’acteur cinéaste.

Saint-Omer

En juin 2016, la réalisatrice Alice Diop assiste au procès de Fabienne Kabou accusée d’infanticide sur la plage de Berck-sur-Mer. Marquée par la complexité de ce procès, elle décide d’en faire un film dans lequel Alice Diop devient Rama, une romancière désireuse d’écrire un livre sur l’accusée à laquelle elle donne le nom de Laurence Coly.Les actrices Guslagie Malanga dans le rôle de la mère et Kayije Kagame dans celui de Rama ont la grande responsabilité de faire passer auprès des spectateurs toutes les nuances qui font vaciller les certitudes de la romancière sans pour autant minimiser la portée dramatique et le caractère criminel de l’acte d’infanticide. Pour Alice Diop il était important de s’interroger sur « la grande question universelle de notre rapport à la maternité » et «  sur sa part la plus obscure » en essayant de « comprendre sans absoudre  » une accusée dont la personnalité apparaît dans toute sa complexité au cours du procès. Le film a été récompensé à la Mostra de Venise et présenté en avant-première à Saint-Omer en présence de la réalisatrice qui a pu mesurer la sensibilité des spectateurs à l’égard d’un film positivement perturbant sélectionné pour représenter la France aux Oscars.

Aucun ours

Fervent défenseur des libertés dans son pays, le réalisateur Jafar Panahi a bravé les autorités avec son dernier film « Aucun ours » tourné avant qu’il ne soit incarcéré le 11 juillet pour avoir manifesté son opposition au sort réservé aux artistes par le régime islamique.Pour réaliser son film, Jafar Panahi s’est installé dans une chambre située dans un village proche de la frontière iranienne avec ses assistants dont le photographe Amin Jafari. Les rencontres avec les villageois, les conflits entre traditions et désirs de libertés et le conflit intérieur douloureux pour les opposants au régime dictatorial qui doivent choisir entre «  rester ou partir » sont filmés dans l’intimité des rencontres et des dialogues, une manière très personnelle d’aborder les problématiques dénoncées par le cinéaste qui vit sous la menace policière hors champ mais toujours présente.Le cinéaste absent au Festival de Venise a remporté le prix spécial du Jury accompagné de missives demandant la libération du réalisateur et de tous les emprisonnés politiques. C’est son fils Panah Panahi réalisateur de l’excellent film « Hit The Road  » qui représente son père à l’étranger. Tourné avant les manifestations où des centaines d’Iraniens, hommes, femmes et enfants ont trouvé la mort ces derniers mois et meurent encore aujourd’hui pour la démocratie et les droits des femmes, le film de Jafar Panahi participe à un combat courageux durement réprimé par le régime iranien.