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Parmi les films à voir en salle cette semaine

Publié le 13 décembre 2021 à 10:38

> Madres paralelas Janis entretient une relation avec Arturo, anthropologue judiciaire. Ce dernier soutient la démarche de nombreuses femmes espagnoles, dont Janis, qui exigent que soient exhumés les corps de leurs pères ou grands- pères assassinés par les brigades fascistes et enterrés dans des fosses communes afin de leur offrir une tombe familiale décente. Ceci est un des aspects de la relation entre Arturo et Janis mais ce n’est pas le seul car Janis apprend qu’elle attend un enfant qu’elle veut garder malgré les réticences d’Arturo. Lors de son accouchement à la maternité, elle partage sa chambre avec Ana, une jeune femme tiraillée entre la peur et le désir d’être mère. Ne levons pas le voile sur la suite de cet épisode afin de préserver le regard que Pedro Almodovar pose sur une relation complexe liée au présent et au passé de deux femmes que la recherche de la vérité pourrait opposer ou réunir. Le cinéaste sonde les âmes et filme avec douceur les expressions corporelles et les lieux de vie de Janis et Ana qui suivent un chemin parsemé de moments de doutes, de colères et de joies dans la prise de conscience progressive que leur avenir est lié à la connaissance de leur passé intime et historiel. Penélope Cruz a obtenu le prix de la meilleure interprétation féminine à La Mostra de Venise avec à ses côtés l’actrice Milena Smit, une très belle découverte dans le rôle de Ana. Madres paralelas est un film intimiste et humaniste. (Sortie en salle le 1er décembre).

> L’Événement En adaptant au cinéma le roman de Annie Ernaux, Audrey Diwan évoque la question du droit à disposer de son corps et de son avenir en tant que femme en 1963. Anne est une étudiante brillante qui désire sortir d’une condition modeste et assurer son avenir professionnel. Le jour où elle apprend qu’elle est enceinte, elle va mener un combat douloureux pour affirmer sa volonté d’interrompre sa grossesse avec le risque de connaître la prison ou de perdre la vie. La mise en scène d’Audrey Diwan montre la quête d’Anne qui, suite à sa décision, est confrontée à la violence des actes qui lui sont imposés faute de réponse légale à son choix. Rappeler ce que furent les souffrances et le combat des femmes dans les années 60/70 n’est pas simplement une leçon d’histoire, c’est un appel à dénoncer les régressions actuelles concernant les droits des femmes à disposer de leurs corps dans de trop nombreux États parmi lesquels la Pologne ou le Texas aux États Unis. L’excellente actrice Anamaria Vartolomei participe à la récompense d’un film jugé remarquable par le jury de la Mostra de Venise qui a attribué le Lion d’Or à sa réalisatrice.

> De son vivant Catherine Deneuve, Benoît Magimel, Cécile De France et le médecin cancérologue Gabriel Sara, qui joue son propre rôle, sont les acteurs et actrices du film d’Emmanuelle Bercot qui aborde la question de la fin de vie d’un homme que sa mère croyait préservé de la mort en raison de son âge. Emmanuelle Bercot a exprimé son désir de réaliser « un film lumineux et positif, un film qui parle de la mort comme un hymne à la vie ». L’acceptation du diagnostic et l’accompagnement du patient par un personnel empathique amènent Benjamin et sa mère à apprivoiser la souffrance et l’acceptation de la mort. Évoquer les conditions de la fin de vie est toujours un sujet difficile, il est abordé avec délicatesse par la réalisatrice qui a choisi le titre De son vivant ou plutôt « mourir de son vivant » pour rappeler sans doute que celui ou celle qui meurt a eu une vie que la mort ne plonge pas dans l’oubli.