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Un cinéma social, généreux et porteur d’espoirs

par MICHELE LOTH
Publié le 24 mars 2022 à 18:57

> À plein temps Julie, qui élève seule ses deux enfants, a un emploi du temps très chargé. Chaque jour, elle court pour déposer ses enfants chez la nourrice, pour rejoindre Paris en train, pour effectuer son travail de femme de chambre dans un palace exigeant et pour revenir chez elle tard le soir. Cet emploi du temps chargé est contrarié par une grève massive des transports alors qu’elle a obtenu un rendez-vous pour un travail qui changerait sans doute sa vie. Julie ne désapprouve pas les grévistes mais l’inquiétude et la fatigue pourraient avoir raison de son moral. Laure Calamy porte avec son talent habituel la personnalité d’une femme exténuée et battante dont la vie ressemble à celle de tant d’autres femmes. Éric Gravel ajoute à ce portrait un regard sur le monde du travail, celui de l’exploitation du personnel d’un palace dont le seul but est de plaire à une riche clientèle et celui de la recherche d’un emploi dans un contexte concurrentiel et avide de rentabilité. La course perpétuelle de Julie peut lasser par moments mais peut être est-ce le moyen de nous faire vivre en direct la grande lassitude d’une mère de famille qui doit surmonter de nombreux obstacles pour changer sa vie et celle de ses enfants.

> Trois fois rien Trois SDF qui vivent dans le bois de Vincennes jouent au loto sans trop y croire mais un jour ils ont un billet gagnant ! Ils envisagent alors une autre vie mais les difficultés s’accumulent pour toucher l’argent car il faut justifier de son identité, avoir une adresse et un compte en banque... Nadège Loiseau a choisi un casting très sympathique composé des acteurs Philippe Rebbot dans le rôle de Brindille, de Côme Levin dans celui de La Flèche et de l’acteur québécois Antoine Bertrand dans le rôle de Casquette, un acteur que la réalisatrice souhaitait ardemment accueillir dans son équipe. Le film est une comédie savoureuse, un peu loufoque et pleine d’humanité, une comédie qui ne nie pas les difficultés sociales mais qui fait du bien grâce à son humour et sa générosité.

> La brigade Le film a été plusieurs fois présenté depuis le Festival d’Arras mais c’est toujours un plaisir d’écouter les interviews chaleureuses du réalisateur Louis-Julien Petit, de l’actrice Audrey Lamy, de l’acteur François Cluzet et des jeunes migrants mineurs isolés qui sont accueillis dans un foyer situé dans notre région avec l’espoir d’une formation et d’un travail leur permettant de rester en France à leur majorité. La brigade pose subtilement la question de l’accueil des migrants de toutes origines contraints de fuir leurs pays d’origine en dosant parfaitement le vécu douloureux des jeunes, leur humour et leur optimisme. « Le film est une réponse positive à tous les discours radicaux qu’on peut entendre » précise très justement Audrey Lamy.