Brueghel chez lui !

Le musée de Flandre à Cassel (Nord) est un écrin, un bijou. Joyeusement, amoureusement serait-on tenté de dire, rénové en 2010, il est un exemple de réussite tant dans l’implantation que la conception architecturale. Il est en fête jusqu’au 14 juillet avec une exposition extraordinaire intitulée «  Fêtes et kermesses au temps des Brueghel  ». Une exposition mais pas seulement car chaque week-end quasiment est marqué par une animation, une conférence, un moment festif.

Nul plus beau lieu n’aurait pu accueillir plus beaux hommages aux fêtes flamandes. Du haut de Cassel, quelque soit le temps, la plaine et le ciel sont ceux des maîtres flamands. Pieter Brueghel l’Ancien est ici chez lui, comme tous ses contemporains, disciples ou inspirateurs. Comme une conspiration de l’art qui traverse les cieux, et les âmes, se riant des diableries et (ré)inventant les plaisirs de la vie. Face le ciel que l’eau de pluie ne noie pas les banquets bien arrosés ! Les convives, à table ou dansant et les joies qu’ils évoquent, font frissonner en Flandre comme nulle part ailleurs. Un concert, un spectacle, une ronde, et la foule toujours bigarrée dans la course folle contre le temps.

Une ronde incessante

450 ans après la mort du peintre, il est toujours célébré pour ces kermesses, alors qu’en tout et pour tout, il n’en fit que trois. Copiées, pillées, par ses fils Jan et Pieter ou ses admirateurs, ces oeuvres n’en finissent pas d’évoquer un foisonnement créateur incomparable.

Plus d’une centaine de toiles et de dessins, issus de collections privés ou de musées prestigieux sont réunis dans ce cadre exceptionnel. Le musée de Flandre ne vivrait que pour ça, ses 1000 m2 sont totalement investis.

« L’exposition offre donc l’opportunité de replacer les fêtes brueghéliennes dans un contexte artistique plus large permettant ainsi de saisir à la fois l’originalité de Pieter Bruegel l’Ancien et de définir précisément son périmètre de rayonnement » souligne Sandrine Vézilier-Dussart, conservatrice en chef du musée de Flandres.

« Loin d’être un sujet secondaire. La fête est l’expression même de la quête de tout homme, une danse effrénée à la recherche d’un bonheur éphémère, telle cette ronde tournoyante au pied du gibet dans le célèbre tableau de Bruegel peint en 1568 [1] : Une ode à la vie ! »

Si vous n’y croyez pas, à gauche en sortant du musée, descendez vers la Porte d’Aire. Il vous faudra choisir entre la rue des tilleuls et le chemin des remparts pour guider vos pas, et votre regard vers la plaine flamande où chaque nuage change la lumière sans changer le tableau.