De la piscine au musée

par Albert LAMMERTYN
Publié le 22 décembre 2018 à 14:48

L’ancienne piscine municipale de Roubaix avec ses ailes de bains publics a été bâtie entre 1927 et 1932, à l’initiative du maire Jean-Baptiste Lebas, par l’architecte lillois Albert Baert, sur le plan symbolique d’une abbaye cistercienne.

Le bassin du musée La Piscine.
© La Piscine / Photo Alain Leprince

Durant cinquante ans environ, la piscine municipale de Roubaix fut le seul réel espace de mixité sociale de la ville. Dans les baignoires ou dans le grand bassin, toutes les couches de la population se sont croisées. Désaffectés depuis 1985, ces lieux magnifiques, conjugués à ceux de l’ancien tissage Hannart-Prouvost, ont fait l’objet d’un important chantier de rénovation confié à l’architecte Jean-Paul Philippon.

Plus d’espace depuis octobre. Une meilleure respiration.
© La Piscine

Le nouvel aménagement, ouvert depuis octobre 2001, transformant « la plus belle piscine de France » en musée, respecte la totalité des espaces : l’accueil et la salle d’expositions temporaires sont construits sur le site de l’ancienne usine, tandis que le bassin conçu comme un jardin de sculptures décoratives, laisse apparaître sa belle mosaïque de pâte de verre et se transforme à l’occasion, grâce à des praticables, en un formidable espace pour les défilés de mode, bals ou concerts.
Cette grande nef basilicale offre, sur deux niveaux, des espaces originaux pour la présentation de la collection de céramique, d’art décoratif et de tissu dans les anciennes cabines de douche aménagées en vitrines.

Un équipement culturel ambitieux

Les ailes des anciens bains accueillent les collections de peinture et de sculpture XIXe et XXe siècles selon un parcours chronologique et thématique. Dans le vide claustral élaboré par Baert pour son projet symboliste de 1927 est créé un jardin botanique consacré aux plantes textiles. Une boutique, un restaurant, une bibliothèque, une tissuthèque et un auditorium complètent l’offre faite au public et témoignent de l’ambition de cet équipement culturel. Depuis sa création en 1835, le musée, marqué par l’aventure industrielle de Roubaix, constitue un lieu de confrontation entre arts appliqués et beaux-arts. La présentation à la fois chronologique et thématique suscite le dialogue des formes et des disciplines : la peinture renvoie aux arts décoratifs, la sculpture à l’architecture, à la mode, à l’art du mobilier.
Les anciennes cabines de douche accueillent les collections textiles : vêtements, dessins, modèles, pièces de tissus et livres d’échantillons présentant styles, matières et techniques allant de l’Egypte copte aux créations les plus contemporaines.
Vuillard, Bonnard, Dufy, Van Dongen, Marquet, Foujita, Gromaire, etc. La collection de peinture, exclusivement consacrée aux XIXe et XXe siècles, donne avant tout place à l’expression de la fascination des beautés du monde : corps, objets, nature, plaisirs de la forme et de la couleur, à l’encontre de préjugés fondés sur une hiérarchie des valeurs esthétiques.
La collection de sculpture moderne (Rodin, Carpeaux, Claudel, Bourdelle, Picasso, Lachaise et bien d’autres) est un élément fort du parcours offert au visiteur. Les œuvres les plus spectaculaires créent un jardin de sculptures dans le vaste volume du grand bassin.
La richesse du fonds d’art décoratif permet de proposer un large panorama d’objets, de techniques et de formes : céramiques de Sèvres, de Picasso, de Chagall et de Dufy, vitraux de Grüber, verreries de Gallé, mobilier et bijoux.