crédit : Fred Debrock
Festival Next, ça continue...

Carnaval à la belge... au Grand Bleu

par PAUL K’ROS
Publié le 28 novembre 2022 à 15:12 Mise à jour le 6 février 2023

Nos voisins et amis belges s’y entendent depuis belle lurette pour faire carnaval le moment de l’année venu avec un point d’orgue au jour du mardi-gras ; celui de Binche dont l’origine remonte à 1395 étant certainement le plus connu. De ce côté-ci de la frontière l’on n’est pas en reste et les fameuses « bandes de carnavaleux » figures, hautes en couleur, du carnaval de Dunkerque (de création plus tardive, vers 1675) ont la vaillante audace de tenir le pavé pendant près de trois mois. L’artiste gantoise Lies Pauwels a eu la bonne idée de faire de carnaval ses choux gras et un spectacle total avec le concours de deux musiciens (guitares et batterie), quatre acteurs et deux danseurs dont les interventions successives ou simultanées ne seront pas cantonnées à leur seule discipline. Le propre du carnaval n’est-il pas d’inverser, de transgresser ne serait-ce qu’un temps, l’ordre établi ? Il y a de ça dans ce spectacle avec pour fil rouge une interrogation sur notre place dans un monde en bouleversement accéléré et plus particulièrement sur la place réservée aux plus pauvres ainsi qu’aux aux mal- foutus, aux mal-aimés, aux mal -dans leur peau, qui donneront lieu à quelques confidences coup de poing particulièrement poignantes.

Une cavalcade des mal-lotis

La tragi-comédie commence avec un personnage, vif et facétieux qui n’est pas sans faire penser au Till Ulenspiegel (Till l’Espiègle, de Charles de Coster) à qui l’auteur recommandait « fils n’ôte jamais à homme ni bête, sa liberté qui est le plus grand bien de ce monde » ; le personnage espiègle de Lies Pauwels se revendique ici sous le visage ou le masque de bouffon du roi pour apparaître, en toute fin, métamorphosé en archange armorié d’or à l’élégance toute aérienne. Cette cavalcade des mal-lotis s’étale deux heures durant à corps et à cris avec une débauche de sons et de couleurs, de masques et de mascarades ponctuées de déclarations et déclamations-manifeste. Lies Pauwels a manifestement beaucoup de choses à dire au point de vouloir parfois trop en dire en deux heures de temps. Une chose est certaine cependant ; carnaval est là, avant l’heure, et c’est tant mieux pour aiguiser notre entendement des choses et bruissements du monde !

  • Do The Calimero de Lies Pauwels ; c’était au Grand Bleu dans le cadre du Next Festival 2022.+ d’infos : Legrandbleu.com