Sous les palmes d’Odilon

Délires et délices d’un périple initiatique

par ALPHONSE CUGIER
Publié le 23 octobre 2020 à 17:19

Odilon est un petit canard qui vit heureux avec les siens et ses amis, lové dans un cocon suspendu en haut dans les branches. Un jour, l’enveloppe se fend, Odilon tombe et se retrouve seul, personne ne pouvant l’entendre. Comment parvenir à rejoindre ses proches, fratrie et compagnie ? Au cours du voyage qu’il entreprend, affrontant la canicule du désert ou l’hiver glacial, il croise une kyrielle de créatures plus fantasmatiques et énigmatiques les unes que les autres, certaines hospitalières, d’autres peu dignes d’estime et d’autres encore bien croquignolesques : un roi des forêts froussard, un chat des mers toqué de water-polo, une raie des sables, un ver sosie gentil du monstre de Loch Ness, des tortues stalactites pendues comme des chauves-souris... Désorienté, Odilon demande la route à un petit bonhomme sylvestre qui peint des rayures verticales sur sa monture pour qu’elle se confonde avec le réseau serré de troncs d’arbres. La réponse est un clin d’œil à la littérature et au cinéma (À l’ouest on trouve toujours du nouveau... Erich Maria Remarque et Lewis Milestone disaient l’inverse). Il confond les plumes de la queue d’un paon-autruche avec des yeux et ne peut jouer au fakir comme ces « bounhommes » siégeant sur des cactus...

Un bouquet d’aventures

Les enfants sont invités à se laisser porter par un univers fantasque où l’insolite le dispute au loufoque et au poétique. C’est un enchantement. Jean-Charles Baty alterne illustrations couleurs pleine page et dessins en noir et blanc, il a laissé se répandre les fruits de son imagination, spectacle toujours renouvelé, une folie savoureusement (in)contrôlée. L’écriture de Julie Billault s’est greffée sur le bestiaire extravagant créé par son époux : entre elle et lui, une connivence radieuse. Grâce à ce héros qui apprend à grandir, les enfants peuvent s’offrir un plaisir supplémentaire, en apparence minuscule, en jetant un coup d’œil sur les numéros des pages qui participent à l’histoire et la commentent. Sans cesse, les portes de la logique se referment laissant libre cours à une douce dinguerie généralisée.

Éditions courtes et longues, août 2020, grand format, 28 x 38 cm, 48 pages, 24 €.