19e été des bouquins solidaires

Cinq albums pour découvrir le Japon

par ALPHONSE CUGIER
Publié le 3 juin 2022 à 13:22 Mise à jour le 2 juin 2022

L’été arrive, c’est la fête pour les enfants. Ceux qui passeront une journée à la mer avec le Secours populaire pourront choisir le livre qu’ils emporteront chez eux, un livre qui déborde d’aventures, de voyages et de rencontres, un livre pour interroger et imaginer le monde. Cette année, Rue du Monde a choisi d’emmener les enfants à la découverte du lointain Japon, d’une autre culture et d’une autre enfance.

En achetant ces livres, vous permettrez aux éditions Rue du Monde d’en offrir un à 5 000 enfants « oubliés des vacances ».

> Momoko. Une enfance japonaise 1 et 2 de Kotimi

Chacun des deux albums comportent plusieurs histoires courtes, drôles et vraies, qui nous rapprochent des enfants qui vivent à l’autre bout du monde. Kotimi, qui a grandi à Tokyo dans les années 1970 au sein d’une famille modeste, avec une petite sœur handicapée, évoque la varicelle qui l’empêche de connaître sa première rentrée scolaire, la cérémoniale préparation du thé par sa grand-mère, l’attrayant marchand de poissons rouges, l’animation du marché (couleurs vives opposées à l’ocre gris très clair). Sur le plan social, Momoko nous apprend que son père travaille du lundi au samedi, part avant qu’elle ne se réveille et rentre quand elle est déjà couchée. Le dessin soutient le récit : les garçons et filles qui jouent à cache-cache dans le cimetière, sont poursuivis par le gardien, ils filent selon une diagonale descendante qui accentue l’impression de vitesse, de sauve-qui-peut. De la peur et des rires que l’on retrouve dans le second album Les vacances de Momoko dont la bouille tout en rondeur emporte l’adhésion. Escapades, joies, ainsi peinte, l’amitié est sans conteste pleine de vitalité.

À partir de 6 ans, respectivement 168 et 112 pages, 17,5 x 23 cm, 15,90 € et 14,90 €.

> La grand-mère qui sauva tout un royaume

Selon une tradition lointaine, quand les familles étaient menacées de famine, elles emmenaient les personnes âgées mourir dans la montagne. Le conte de Claire Laurens et Sandrine Thommen commence avec la décision du seigneur du royaume d’abandonner cette population qui, dit-il, ne sert à rien. Un jeune garçon refuse et cache sa grand-mère. Le royaume est menacé d’invasion par son rival, sauf s’il résout trois énigmes. Alors que les savants abandonnent, seule la grand-mère y parvient (solutions d’une pure merveille d’imagination). Le seigneur réalise l’apport bénéfique des générations précédentes. Aujourd’hui, la vie ne ressemble pas à la tradition noire et inquiétante de jadis. Le Japon a réinventé la vieillesse qui est devenue un véritable enjeu national. Les préjugés liés à l’âge disparaissent au profit de la cohésion, de l’harmonie et de la solidarité communautaire. Cette histoire d’une tendresse infinie bénéficie d’illustrations limpides et lumineuses aux traits fins et aux couleurs douces et raffinées. Le tragique est vite évacué.

À partir de 5 ans, 48 pages, 14 x 22 cm, 12,50 €.

> Le Ginkgo, le plus vieil arbre du monde

Alain Serres retrace l’épopée de ce « fossile vivant » qui est apparu avant les dinosaures et qui a failli disparaître en même temps qu’eux à la suite d’un changement climatique extrême (éruptions volcaniques). Des ginkgos ont résisté dans le sud de la Chine, ont migré en Asie. En 1690, un botaniste allemand, Kaempfer, séjournant au Japon en fait la description. Un plant est ensuite rapporté en Hollande. Le ginkgo est appelé l’arbre aux 40 écus, prix de son achat, pour être acheminé en Angleterre, puis en France. Symbole de puissance (plus de 30 mètres de hauteur, plus de 1 000 ans d’âge, il a refleuri parmi les décombres radioactifs d’Hiroshima). Les illustrations de Zaü nous émerveillent, des pages sont parsemées de dessins de feuilles de ginkgo (dorées en automne, vert tendre en été) en forme de cœur ou d’éventail qui, séchées, servent de marque-pages, de porte-bonheur. Feuilles qui ont donné vie à un foisonnement de créations artistiques (tableaux de paysages et décoration). À la fin de l’album, cinq pages documentaires, photos et gravures, pour mieux connaître cet arbre hors du commun, apprécié aussi pour ses bienfaits thérapeutiques.

Pour les 8-15 ans, 48 pages, 26 x 26 cm, 17 €.

> Hiroshima, deux cerisiers et un poisson-lune

Yoko, une petite fille qui habite Hiroshima, rend visite à sa vieille tante qui avait 9 ans le 6 août 1945. Yoko aimerait que sa tante lui raconte ce qu’elle a vécu ce jour-là. A-t-elle oublié ? Le traumatisme est-il si fort qu’elle rejette la réalité, la remplaçant par un conte merveilleux ? Yoko qui, à l’école, a été mise au courant de l’explosion de la bombe atomique et des 200 000 victimes, lui dit qu’elle ment. Rien ne change, sa tante continue d’évoquer les branches de cerisiers en fleurs qui recueillent la bombe avant qu’une grue ne l’emporte dans son bec pour la déposer dans une fleur de volubilis, un poisson-lune venant la saisir et la placer au creux d’une huître, la transformant en perle. Le texte poignant d’Alain Serres, reposant sur une fiction, pose le problème de la transmission de la mémoire que des photos commentées de l’histoire du Japon rappellent pour le jeune lecteur, le récit rebondit de question en question sur ce 6 août 1945. Les illustrations de Zaü font la part entre le présent de la visite de Yoko à sa tante, traité en un ocre cuivré chaleureux, et les scènes fantasmées de la tante où les bleus, verts et blancs dominent, sans être froids pour autant.

À partir de 8 ans, 36 pages, 19 x 26 cm, 14,50 €.