24e Printemps des poètes en mars

Les années d’éveil de l’enfance

par ALPHONSE CUGIER
Publié le 10 mars 2022 à 19:03 Mise à jour le 11 mars 2022

En accompagnant depuis deux décennies le Printemps des poètes, les éditions Rue du Monde, partenaire assidu, publient quatre nouveaux titres à destination des jeunes lecteurs et des adolescents. De quoi ensemencer leur mémoire. Et ainsi se construit un temps en dépôt de l’enfance qui délivre la force de grandir… La magie des poèmes opère chaque année : les couleurs de leurs rimes permettent de retrouver au cœur de lui-même le chaos de perceptions au milieu duquel chaque enfant découvre pêle-mêle son corps, les battements de la vie, les choses, le monde qui l’entoure, ses proches et les autres.

> Ton premier poème avec les mains… La nuit s’achève, le jour se lève et, de page en page, se succèdent des arrêts sur images prélevés sur un déroulé cinématographique. Le soleil d’abord timoré comme fragile, devient de plus en plus ardent et la lumière occupe progressivement l’espace de la double page. Tout s’éveille, tout vibre à l’unisson : moineaux, écoliers, automobiles, fleurs, colibris, éléphants des contrées lointaines… Couleurs éclatantes sonores qui, d’heure en heure, aspirent au repos… Les rideaux de la nuit se referment comme les paupières des enfants. Alain Serres met en scène ces passages successifs du jour et de la nuit et propose de les faire naître à volonté, plaçant les mains sur les yeux et les retirant brusquement.

À partir de 18 mois, 40 pages, 16 x 23 cm, 16 €.

> L’arbre m’a dit… Les petits poèmes de Jean-Pierre Siméon dédiés à l’arbre et aux multiples visages qu’il prend au fil des saisons font profondément écho en nous, résonnent ou murmurent et sont autant de respirations qui gonflent et libèrent la poitrine. Ils nous rendent moins seuls, continuent à s’épanouir en nous longtemps après leur lecture, jusqu’au sentiment de plénitude comme les arbres que peint Zaü dont le tronc et les branches dépassent largement le cadre du livre, signe d’une vie qui se déploie sans entrave. Même le noir de l’encre de Chine respire comme une couleur, voisinant avec les pastels gras bistre, rouge grisé, nuances de vert et gris bleuté. Des poèmes qui vibrent à l’unisson.

À partir de 7 ans, 40 pages, 14 x 25,5 cm, 17 €.

> Poèmes cueillis dans la forêt de vos yeux… Françoise Lison-Leroy a trouvé le ton grave ou souriant pour chacun des 40 enfants, captant dans leurs yeux le mystère d’un sourire, le feu qui pétille, les paysages qui s’y logent ou ce qui inquiète (existence difficile, exil, père en prison), lisant un peu de leurs peines, pensées, joies, rêves, doutes, vérités qu’ils portent obscurément en eux et beaucoup du monde entier. Ce qui fait d’eux une présence vivante tellement forte que l’on est conduit à les accueillir tous, les Astrid, Melina, Yasen, Olga, Aïcha, Hadrian, Naoki… Et dans cette ronde des sentiments, prime l’émotion de la couleur, merveilleux travail pictural à la gouache de Nathalie Novi qui a toujours maintenu vivace une part d’enfance à portée de sa palette.

À partir de 7 ans, 36 pages, 11 x 15 cm, 9,50 €.

> Une seconde, papillon !... Le père et le fils, Pierre Coran et Carl Norac, pour leur premier travail à quatre mains, nous offrent 40 poèmes que l’on déguste comme un élixir. Un instant, une seconde… ces textes qui ont beau être succincts, éphémères et éternels à la fois, font naître à la vie, vont droit au cœur. Un bonheur cueilli à les côtoyer, à s’y perdre éperdument, une manière de vivre le présent comme un souvenir indélébile, d’exister en somme authentiquement. Les illustrations de Cécile Gambini sont autant de « messages ailés », le merveilleux décoratif, tel un assemblage de chatoyants tissus imprimés de scènes diverses, le dispute avec amabilité à une sorte de naïveté délibérée pleine de charme. Un plaisir d’habiter ainsi poétiquement le monde.

À partir de 7 ans, 36 pages, 11 x 15 cm, 9,50 €.