Les Cahiers dessinés, 152 pages, 32 €

Peintures de Loustal : arrêts sur images ?

par ALPHONSE CUGIER
Publié le 16 décembre 2022 à 10:09

Loustal a la chance d’être vu par tous les automobilistes, ses œuvres jalonnent les autoroutes de l’hexagone et mettent en valeur les spécificités de chaque région. Il a publié des BD dans Métal Hurlant et À suivre, illustré des romans de Charyn, Coatelem, Mac Orlan et de Simenon tout particulièrement. Ce sont les ambiances qui l’intéressent et qu’il met ensuite en scène. Ses peintures relèvent de la même démarche, donnant libre cours au voyage, à l’exotisme, au rêve polynésien sans pour autant oublier l’envers du décor comme ces colons plantés dans des socles de bois, se croyant définitivement installés, ces figurines sculptées par les Africains, célébration ironique naïvement feinte. Statuettes, fac-similés de jonques et de steamers, barques de toutes les couleurs ressemblant à des jouets. Absence de sites à visiter, ceux promus par les tour-opérateurs mais « les cabanes des autochtones, les maisons indigènes, le côté vernaculaire des choses  ». Loustal aime trop le dessin pour chercher à raconter des histoires, pourtant la fixité des scènes de ses peintures n’est qu’apparente, elles sont en partance, hormis les contemplatives et leur temps indéfiniment prolongé. Une palette chromatique éclatante, juxtaposant couleurs contre couleurs ou les enfermant dans des formes cloisonnées cernées de noir. Le fauvisme n’est pas loin, l’hommage à Matisse en ouverture le confirme.