Lors d’un déplacement professionnel, Hiroshi, un cadre quadragénaire qui a abondamment fêté sa soirée avec des collègues, se trompe de train. Les paysages qui défilent lui rappellent son enfance, sa ville natale. Et là, une sorte d’éblouissement, le noir et blanc se colore. Prodige, le voilà tel qu’il était à 14 ans, corps d’adolescent mais avec l’expérience et la conscience d’un adulte. Il retrouve ses camarades de lycée, la fille dont il était amoureux. Son passé se modifiant (brillant à la course et judo), il se demande s’il peut changer l’avenir. Son père a quitté le domicile sans donner de nouvelles. La date de sa disparition le hante. Il vient l’attendre à la gare pour le dissuader de partir. Le lecteur est aspiré par le voyage dans le temps d’Hiroshi, ce rêve éveillé au cours duquel il va découvrir le secret partagé par ses parents, la réalité s’imposant dès lors à lui. Juxtaposition de scènes intimistes et de vues de la ville, les décors agissent comme de véritables aimants, instants silencieux en suspension, qui participent pleinement à l’avancée du récit. Taniguchi se transporte au plus profond des choses : mieux se connaître et s’interroger sur les relations nouées avec autrui. Nostalgie et fantastique, émotion et retenue, sensibilité et clairvoyance… Par delà sa tentative d’infléchir le cours des événements, ce qui importe, c’est le regard adulte que porte Hiroshi sur ses parents et sur lui-même en tant que père.
Avers : des nouvelles des indésirables de J.M.G. Le Clézio Un roman d’obédience humaine
