Les coups de cœur de Violaine Vanoyeke

Publié le 21 mai 2021 à 16:45

Le 57e numéro spécial d’Historia paru en début d’année était consacré à quelques femmes qui auraient permis de faire avancer la science, les arts, la politique... Des femmes parfois connues et d’autres oubliées ou inconnues à tort. D’où l’intérêt d’un tel thème avec un choix évidemment arbitraire. On y redécouvre une aquarelliste, Lucie Cousturier, qui expose ses peintures, l’une des pionnières du cinéma au même titre que Méliès, Alice Guy, les incontournables et manœuvrières Madame de Pompadour, Aliénor d’Aquitaine, Blanche de Castille, Marie et Catherine de Médicis, des scientifiques qui avaient tant de mal à s’imposer. On reparle depuis quelques années de la physicienne Mileva Einstein qui aurait apporté une contribution importante à la théorie de la relativité en travaillant avec son mari. Dans ces travaux d’équipe tant en sculpture comme pour Rodin, en compositions musicales ou en recherches scientifiques, il est difficile de savoir qui du maître ou du disciple, qui du mari ou de sa femme a eu le plus grand rôle dans leurs découvertes et leurs créations. Les travaux en tandem permettent d’avancer à l’unisson. Or, dans ces recherches en équipe, les femmes ont parfois été occultées. En revanche, une Maria Malibran, qui a révolutionné la musique et fait découvrir l’opéra, a connu de son vivant une gloire inimaginable que personne n’a jamais égalée dans ce domaine. Des femmes comme la reine-pharaon Hatchepsout ont changé la face du monde ; elle a été précurseur de la religion qui est la nôtre, cheville fondamentale de notre histoire. Sans comparaison possible, une beaucoup plus « modeste » George Sand, qui figure dans le numéro d’Historia, s’est affirmée par son caractère, occultant presque les compositeurs de son entourage. Celles qui ont voulu et su s’imposer ont pu le faire au détriment des lois, des habitudes et des coutumes. Les femmes choisies dans Historia ont souvent fait scandale ou ont pris position dans des combats pour la liberté, l’égalité des femmes et des hommes... Certaines ont même été désignées comme les mères de telle ou telle loi votée en faveur des femmes alors qu’un homme en coulisses faisait, par son rang ou son influence, voter lesdites lois. Certaines ont livré des combats mais la plupart ont manipulé ou multiplié les conquêtes et les bons mariages en utilisant leurs atouts féminins pour s’imposer. Belle ambigüité... Plusieurs que l’on connaît aujourd’hui tomberont justement dans l’oubli. Les maîtresses royales dirigeant dans les couloirs des palais agissaient par soif du pouvoir et amour de l’argent. Leur cursus n’a strictement rien à voir avec des femmes véritablement remarquables comme la polonaise Marie Curie, chimiste, prix Nobel de physique en 1903 pour ses recherches sur les radiations et prix Nobel de chimie pour ses travaux sur le polonium et le radium. Seule femme à avoir reçu deux prix Nobel, de surcroît dans deux domaines différents. Il est nécessaire de rendre à César ce qui appartient à César et de faire sortir de l’anonymat des femmes qui ont réalisé dans l’ombre des travaux ou créations notoires. Mais, hommes ou femmes, ceux qui changent le cours de l’histoire par leur talent, leurs découvertes... et non dans les alcôves, se comptent sur les doigts de quatre mains. Et le génie n’est jamais méconnu.

70 femmes qui ont fait bouger la France », Historia, hors-série n°57, janvier-février 2021, 6,50 €.