L’œil de Gérald Bloncourt s’est éteint

Gérald Bloncourt a connu toutes les évolutions de la photographie depuis 1946. Il est décédé quelques jours avant ses quatre-vingt-douze ans.

par Franck Jakubek
Publié le 10 novembre 2018 à 00:35 Mise à jour le 9 décembre 2018

Il aurait eu quatre-vingt-douze ans le 4 novembre. Gérald Bloncourt, poète photographe et plasticien, nous a quittés lundi 29 octobre. Il a rejoint son frère Tony, résistant fusillé « à vingt et un ans et dix jours » parmi les premiers au mont Valérien (Hauts-de-Seine), en 1942. Né à Haïti, il participa à la fondation du Centre d’art haïtien en 1944.
Au renversement du gouvernement Lescot en 1946, il débarque en France. C’est la photographie qui le fera vivre. En 1948, il rentre au service photo de l’Humanité. Il y couvrira, pendant plus de vingt ans, toutes les luttes sociales. Gérald Bloncourt travailla ensuite pour Avant-Garde et La Nouvelle Vie ouvrière (NVO), mais il mena sa carrière en indépendant, déposant chaque jour ses clichés dans toutes les rédactions parisiennes.
Il est principalement connu pour son travail sur l’émigration portugaise pour lequel il a obtenu de nombreuses récompenses. « Il ne faut pas perdre de vue que l’ennemi commun c’est le capitalisme », confiait-il en 2016 à Liberté Hebdo à l’occasion d’un portrait que nous lui avions consacré. Il vécut une partie de sa vie à Roubaix et avait renoué contact en 2014 avec la région autour d’un projet sur les courées de la cité du textile.

Gérald Bloncourt en décembre 2014.
Photo Franck Jakubek

Une vingtaine de ses photos sont exposées à la Maison du projet de la Lainière. Une initiative qui a vu le jour grâce au coup d’œil d’Eric Lebrun, des éditions Light Motiv. A voir, pour se plonger dans une (infime) partie du travail d’un des derniers photographes humanistes du XXe siècle.

Exposition Mémoire vive, jusqu’au 20 décembre 2018 à la Maison du projet de la Lainière, 151, rue d’Oran, à Roubaix. Entrée libre. Renseignements : 03.20.11.57.63 ou 03.20.65.31.90