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Pas-de-Calais

Marée de contestataires à Boulogne-sur-Mer

par Alain Etienne
Publié le 3 avril 2023 à 09:56

Dans les rues et dans le port, manifestations et blocages. Explications.

Quelque 5 500 personnes ont une nouvelle fois battu le pavé boulonnais à l’occasion de la dixième manifestation contre la réforme gouvernementale des retraites. Une manifestation calme, avec des participants déterminés. Face à eux, la sous-préfète inutilement fébrile qui avait envoyé pas moins de 16 cars de CRS, créant bouchons et ralentissements dans tout le secteur routier. « Cette pression ne nous fera pas renoncer », expliquait Élodie Lemaire, secrétaire de l’union locale de la CGT qui avait appelé à cette manifestation avec l’ensemble des syndicats locaux. Elle a annoncé de nouvelles initiatives au cours de la semaine, saluées par des slogans enthousiastes et par les sirènes des bateaux de pêche qui bloquaient l’entrée du port de Boulogne.

La pêche menacée

En effet, cette semaine les marins-pêcheurs du premier port de pêche de France étaient en grève. Non contre la réforme les retraites mais contre le projet de réglementation européenne visant à éliminer la pêche au chalut ou à la drague dans les aires marines protégées. « Seules 20 % des eaux du détroit du Pas-de-Calais resteraient accessibles à la pêche », a déclaré à l’AFP Olivier Leprêtre, président du Comité régional des pêches des Hauts-de-France. Une mesure qui favorisera les importations depuis des zones où la pêche n’est pas réglementée « sous le prétexte de “verdir” la pêche », dénonce Bruno Arnoult, secrétaire de la section du PCF. Après l’envoi à la casse consécutif au Brexit de sept bateaux (dont six boulonnais et un chalutier de 12 mètres immatriculé à Dunkerque), c’est l’existence même de la pêche boulonnaise qui est menacée.

Pour relancer l’activité

Selon Bruno Arnoult, « il faut un plan ambitieux de sauvegarde du modèle de pêche artisanale ». Il en précise du reste les contours : − faciliter les investissements nécessaires à sa modernisation avec des navires moins accidentogènes et moins dépendants des énergies fossiles ; − encourager une pêche vertueuse sur le plan environnemental face aux armements industriels dont les navires XXL bouleversent les écosystèmes et les chaînes alimentaires ; − renégocier aux niveaux européen et national les règles d’attribution des TAC (totaux admissibles de captures) et quotas captés par les grands groupes à capitaux européens ; − mobiliser les banques pour qu’elles participent à l’effort de modernisation en accordant des prêts à taux zéro aux jeunes pêcheurs ; − engager la Région Hauts-de-France à soutenir ce plan, auquel l’Union européenne doit participer, en l’abondant et en l’adaptant aux besoins de la pêche artisanale. « Et surtout, insiste le responsable politique, rien ne peut se construire sans associer étroitement les pêcheurs aux décisions. »

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