Clairanne Dufour (présidente de Galillé) présentant la nouvelle épicerie solidaire ouverte par le groupement des associations lilloises étudiantes. © Capture d'écran BFMTV
Précarité

À l’université de Lille, 20 % d’étudiants ne mangent pas à leur faim !

par Nadia DAKI
Publié le 10 mars 2023 à 16:09 Mise à jour le 13 mars 2023

Dans une enquête à paraître prochainement, l’université de Lille s’est penchée sur la précarité alimentaire de ses étudiants. Les résultats sont consternants. Entretien avec Emmanuelle Jourdan-Chartier, vice-présidente à la vie étudiante.

Quand cette étude a-t-elle été menée ? En fin d’année, une première étude a été réalisée sur l’alimentation et le second volet, sur la précarité alimentaire, vient donc d’être terminé. Elle porte sur un échantillon représentatif de 50 % de la population étudiante. On a recueilli 5 700 réponses exploitables. Cela nous permet d’avoir une vision scientifique et objective de la précarité alimentaire chez nos étudiants plutôt que d’être dans un ressenti de terrain.

Que révèle-t-elle ? Les résultats sont tragiques. Deux chiffres importants sont très problématiques : 20 % des étudiants disent ne pas manger à leur faim et 18 % indiquent sauter régulièrement des repas faute de ressources financières suffisantes. C’est dramatique. On n’en est plus aux files d’attente trop longues mais face à des personnes qui ne mangent pas assez voire pas du tout.

Quels sont les étudiants concernés ? Il s’agit d’abord d’étudiants internationaux. La France se glorifie de les accueillir mais si c’est pour les laisser mourir de faim, c’est affligeant. Là, on se confronte à des réalités chiffrées. Il s’agit principalement d’étudiants provenant d’Afrique subsaharienne et d’Afrique du Nord. L’autre réalité qui se dégage concerne les étudiants dits non cohabitants ou décohabitants, c’est-à-dire ceux vivant seuls et qui ne rentrent pas au domicile parental. Un certain nombre sont aussi confrontés à une précarité alimentaire au sein même de leur famille.

Quelles en sont les causes ? Il y a, de manière générale, une prise en charge insuffisante de la vie étudiante. Il y a une pénurie de logements étudiants et les loyers sont exorbitants. Les bourses sont insuffisantes et les critères sont très restrictifs et pas indexés. L’origine sociale est également un facteur.

Une fois le constat posé, que faire ? Nous allons ouvrir une quatrième épicerie solidaire. On préférerait ne pas s’en réjouir. Les repas à 1 euro rencontrent un très gros succès avec une augmentation de fréquentation de plus de 200 % des restaurants universitaires. La Région offre cent repas gratuits aux étudiants boursiers. Malheureusement, il y a encore toute une frange de la population qui échappe à ces dispositifs et un pourcentage d’étudiants qui ne recourent pas à leurs droits. Ce peut être décourageant mais on est face à une urgence d’intérêt national. L’université de Lille souhaiterait qu’aucun de ses étudiants n’ait faim et nous multiplions les aides pour y parvenir.

80 000 étudiants à l’Université de Lille, sur les 230 000 que comptent les Hauts-de-France

9 900 étudiants internationaux

39,4 % d’étudiants boursiers échelon 5 à 7

47 % d’étudiants internationaux contraints de ne pas à manger à leur faim de manière répétée

Mots clés :

Nord