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Arcelor Dunkerque

La pénibilité est aussi au bout du quai

par Philippe Allienne
Publié le 10 mars 2023 à 14:13

Dans les grandes entreprises industrielles du Dunkerquois, les syndicats pointent un travail dur et fatigant pour dénoncer le projet de réforme des retraites. C’est notamment le cas chez Arcelor Dunkerque.

Mardi matin, à Dunkerque, la pluie incessante alourdissait encore la torpeur qui DUNKERQUE. La pénibilité est aussi au bout du quai avait envahi les darses du port est. Si les dockers ont du mal à rejoindre le mouvement de grève, les grutiers et les éclusiers ont déclaré la journée « port mort ». Elle a été reconduite le 8 mars. Or, que peut faire un navire si les écluses demeurent fermées, les empêchant d’entrer ou de sortir des bassins ? Le port, qui n’a subi aucune journée de grève depuis la réforme du statut des dockers de juin 1992, vient de perdre son titre, vaincu par le rejet du projet de réforme des retraites. Avant la manifestation de l’après- midi qui a réuni plus de 10 000 participants, des piquets de grève ont fleuri à la porte de grandes entreprises comme AstraZeneca/Minakem, Aluminium Dunkerque ou la centrale nucléaire de Gravelines. Aucun camion ne sort de l’ex-raffinerie TotalEnergies. À quelques kilomètres des quais dunkerquois, la CGT (non suivie par la CFDT et moins encore par la CFE-CGC) a réuni les grévistes du sidérurgiste ArcelorMittal devant les grands bureau de l’entreprise, à Grande-Synthe, et leur a servi un barbecue sur le coup de midi, avant de rejoindre la manifestation. Les ouvriers postés ont débrayé dès 2 heures, mardi matin. Mais la direction avait prévu le coup en stoppant l’aciérie pour une période de 12 heures. Du jamais vu. Cet outil n’est jamais à l’arrêt. Elle a aussi arrêté le haut fourneau numéro 4 (HF4), le plus important qui assure 70 % de la production ainsi que le train continu à chaud (TCC). « Ce qu’elle n’a pas prévu, dit la CGT, c’est que les équipes prévues pour les redémarrer ne le feront pas. La décision vient d’être prise. » ArcelorMittal se répartit sur deux sites. Celui de Dunkerque (3 000 salariés) qui fabrique les coils (rouleaux de feuilles de métal) et celui de Mardyck (600 salariés) avec son usine à froid de bobines. La production est essentiellement destinée à l’industrie automobile régionale. Une grève reconductible devrait donc affecter ce secteur. « À l’usine de Mardyck, raconte Ludovic Putter, secrétaire du syndicat CGT, nous sommes particulièrement concernés par la pénibilité. Les conditions de travail sont déplorables. Les salariés sont usés et nombreux sont ceux qui souffrent de maladies professionnelles. Il y a beaucoup de cancers du rein ou de maladies cardiaques. Les horaires décalés (travail posté en 3x8 sur cinq postes) sont très éprouvants. » «  D’une manière générale, complète son homologue pour l’usine de Dunkerque, Gaëtan Lecocq, nous avons de plus en plus de démissions malgré une moyenne d’âge entre 30 et 40 ans. Les plus jeunes sont attirés par les nouveaux groupes qui s’installent et recrutent chez nous. C’est le cas pour l’usine de batteries Verkor. »

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