CP. Ph.A
Crise du carburant.

Les transporteurs régionaux en difficulté

par Nadia DAKI
Publié le 21 octobre 2022 à 21:55

Les camions des transporteurs régionaux continuent leur tournée mais ne sont pas épargnés, comme le reste de la population, par les difficultés d’approvisionnement en carburant. La FNTR du Nord demande que la branche soit reconnue comme activité prioritaire.

Pour la FNTR (Fédération nationale transport routier) du Nord, la priorité est l’approvisionnement en carburants. «  Nous n’avons aucune visibilité quant au ravitaillement des stations service », regrette Jean-Luc Dejode, président de la FNTR Nord. «  On s’est vu refuser l’accès à certaines stations dans la métropole lilloise ou limiter en litres. Or, nous transportons de l’alimentaire, du frais.  » Une incompréhension d’autant plus que les professionnels alertent les pouvoirs publics de la situation depuis mi-septembre.

Des alertes ignorées

«  Notre région a été la première touchée par ces difficultés. Depuis un mois, nous alarmons les différentes instances sans que nous soyons écoutés, regrette Jean-Luc Dejode. Il a fallu que Paris soit touchée pour que cela devienne un drame national. » Comme pour la population générale, le système D prédomine. «  Certains transporteurs tournent avec des camions dont les réservoirs sont remplis à moitié. Ensuite, c’est le bouche-à-oreille. Un chauffeur qui a pu se réapprovisionner en informe aussitôt les autres. » La situation n’est pas sans conséquence sur l’activité. « Même si on honore nos engagements, nos adaptations continuelles commencent à se faire ressentir », partage le président. Les chauffeurs font parfois des détours pour trouver du carburant, d’autres patientent des heures. Mais parfois, les chauffeurs ne peuvent même pas prendre leur tournée car ils sont en panne sèche sur leur véhicule personnel. « Certains dorment dans leur camion pour éviter d’utiliser leur voiture personnelle  », indique Sandra Maniez, dirigeante de Transfland à Bailleul. «  Il y aura un surcoût certain, affirme Jean-Luc Dejode. Ces détours et ces temps d’attente génèrent des heures supplémentaires. La profession n’a pas encore évalué ce surcoût.  »

Un prix du gasoil attractif

Les professionnels regrettent également que la mesure «  coup de pouce » à la pompe, la réduction de trente centimes d’euros le litre, ait été attribuée à tous sans aucune distinction. « Beaucoup d’Européens sont alors venus s’approvisionner chez nous », lâchent-ils. La FNTR Nord estime l’autonomie à huit jours. « Ensuite, on espère que la situation redeviendra normale.  » Pas question pour autant d’aller faire le plein en Belgique : « Le gasoil y est plus cher. Et cela voudrait dire une avance de TVA et de taxes », tranche Jean-Luc Dejode.

Une pénurie de main-d’œuvre

La profession doit également jongler avec une autre contrainte : la difficulté de recruter. Le nombre de postes vacants est estimé à 3000 dans la région. « Pourtant, on sait qu’il y a aussi un nombre conséquent de chômeurs. Mais, la branche souffre d’un manque d’attractivité, reconnaît le président de la fédération. Surtout chez les jeunes. Depuis la crise du Covid, les mentalités ont évolué et les parcours professionnels ne sont plus linéaires. » Les métiers en tension sont variés : conducteurs routiers, caristes, mécaniciens, manutentionnaires, etc.