Roland Lescure, ministre délégué chargé de l’Industrie, sur le site de Carelide. © Nadia Daki
Carelide Mouvaux

Un fleuron industriel sauvé de la liquidation

par Nadia DAKI
Publié le 27 février 2023 à 12:43

Dernier fabricant français de poches de perfusion et de paracétamol liquide, Carelide à Mouvaux a frôlé la liquidation judiciaire. Pour sa reprise par Delpharm et Aguettant, deux ministres sont venus rencontrer les salariés lundi 20 février.

Les 399 salariés en CDI et les 115 intérimaires peuvent souffler. Leur entreprise Carelide est sauvée. In extremis car, placée en redressement judiciaire en octobre, l’entreprise avait jusqu’à janvier pour trouver un repreneur. Après une première offre qui n’a pas abouti, celle de Delpharm-Aguettant a finalement été validée par le tribunal de commerce de Lille, le 17 février. « On est rassuré, on a enfin un avenir, souffle Meryam Djidel, élue au CSE. Ce fut quatre mois de combat très compliqué avec beaucoup d’incertitude. On espère que la continuité avec le repreneur se passera bien. Un système d’adaptation sera mis en place. »

Doubler la production et travailler plus

Deux ministres, Gérald Darmanin et Roland Lescure, sont venus saluer les salariés et Sébastien Aguettant, le repreneur. Après avoir remercié les salariés d’avoir toujours assuré leurs tâches, Roland Lescure se félicite d’une telle issue. « Jusqu’à la dernière minute, l’incertitude planait. On peut regarder vers l’avant aujourd’hui. Je suis extrêmement optimiste pour son avenir car cette entreprise est essentielle à l’heure où l’on souhaite reprendre notre souveraineté et notamment en matière de santé », assure le ministre de l’Industrie. Les annonces d’investissement pleuvent désormais : 20 millions d’euros de l’État sous forme de prêt, 5 millions d’euros sous forme de subventions, 2 millions d’euros de la Région et la MEL (métropole européenne de Lille) et 40 millions d’euros de Delpharm. De quoi en effet assurer la trésorerie de l’entreprise. Et les objectifs de production ne se font pas attendre. De 40 millions de poches produites l’année dernière, les salariés devront en faire 80 mil- lions dès l’année prochaine. La nouvelle direction évoque une modernisation de l’outil industriel, pour augmenter sa capacité de fabrication. Pour l’heure, l’entreprise n’a pas précisé si des embauches sont à venir. Ce qui inquiète les équipes en place. « Je crains que l’on doive désormais passer en 3X8, indique Lydia [1], intérimaire. Je commence tous les jours à 5 heures, cela me convient bien. Si des changements organisationnels sont mis en place, je ne resterai pas. » Avec deux de ses collègues, elles évoquent la durée de leur contrat... comme s’il s’agissait de peines de prison. « Moi, il me reste un mois et je suis libre », lance, rassurée l’une d’entre elles. « Moi, je suis coincée ici jusqu’en juin, j’ai pris six mois », répond la seconde. Lydia a le CDD le plus long, 18 mois. « Ils disent déjà qu’on va devoir en faire plus alors qu’on a toujours fait tourner l’usine. On s’est mobilisé sans faire grève, sans arrêter la production. Doubler la production avec le même effec- tif, qu’est-ce que ça peut vouloir dire pour nous ? », s’interroge-t-elle inquiète. Sur les 399 salariés en CDI, neuf ne seront pas repris car « leurs postes ne sont pas nécessaires, précise Meryam Djidel. La plupart d’entre eux ont déjà retrouvé du travail. On sait que pendant les deux, voire trois, prochaines années, on va devoir faire des efforts, mais on ne fera pas de sacrifices ». L’ex-Macopharma, actuelle Carelide, change de nom et s’appelle désormais Delpharm Mouvaux.

Notes :

[1Le prénom a été modifié.

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