Arc France

Pourquoi pas une entrée de l’État dans le capital ?

par Philippe Allienne
Publié le 12 juin 2020 à 11:30

L’usine d’Arc France, à Arques (62), n’a pas été épargnée par la crise sanitaire et le confinement. Alors qu’en début d’année le carnet de commandes du géant du verre était plein, l’interruption brutale d’une grande partie de son activité a tout remis en cause. Les parlementaires communistes Cathy Apourceau-Poly et Fabien Roussel demandent que l’État entre dans le capital.

C’est clair, le plan de redressement qui, en mars 2019, avait abouti à aller chercher 120 millions d’euros auprès de l’État et des collectivités (pour 55 M€) est devenu obsolète pour cause de Covid-19. Tristan Borne, le directeur géné- ral de l’entreprise, l’a dit sans détour : le remboursement qui était prévu sur quatre ans n’est désormais plus possible. Arc, et son actionnaire, en rediscutent avec l’État, la Région et la communauté d’agglomération.

Un prêt d’urgence insuffisant

Lorsque Bruno Le Maire, le ministre de l’Économie et des Finances, a annoncé un prêt d’urgence de 31 millions d’euros (à moins de 1 %), début mai, les organisations syndicales ont vu leurs craintes confirmées. « Elles ont tout de suite compris qu’il y a le feu à la maison »,dit un observateur. Ce prêt a en fait été accordé afin de faire face aux salaires, aux charges et aux factures des fournisseurs. La fermeture des frontières et des magasins a mis l’arrêt aux commandes des distributeur. Cinq fours sur dix ont été fermés et la production a chuté de moitié, plongeant à 10 500 tonnes en avril. Alors que l’entreprise avait prévu un chiffre d’affaires de 40 M€ en avril, elle n’en a réalisé que 12. En mai, il était de 16 M€ pour un prévisionnel de 39 M€.

Aucune chance d’atteindre les 490 M€ prévus pour l’ensemble de l’année, un chiffre calqué sur le CA de 2019. Après le déconfinement, les fours reprennent progressivement du service et l’entreprise a même recruté une cinquantaine de personnes en mars et en avril. Mais la situation est telle que le chômage partiel et le prêt de l’État ne suffiront pas, selon la direction, à passer le cap. Elle a réclamé un prêt garanti (PGE). Mais de leur côté, la sénatrice du Pas-de-Calais Cathy Apourceau-Poly et le député du Nord Fabien Roussel préconisent un apport de 250 millions d’euros afin de régler efficacement la question. Et ils souhaitent que l’État entre dans le capital d’Arc. Même de façon temporaire.

Une nouvelle demande de 250 M€

Pourquoi 250 M€ ? Parce que, lors de la reprise par le fonds américain Peaked Hill Partners (PHP) en janvier 2015, c’est le chiffre qui avait été avancé pour moderniser l’usine. La proposition communiste ne séduit pas la direction de l’entreprise. En revanche, lorsque les parlementaires se sont déplacés sur le site, le mois dernier, elle était d’accord pour réclamer un prêt beaucoup plus conséquent que les 31 M€. Les parlementaires ont demandé une entrevue avec le ministre. Arc, dans le Pas-de- Calais, c’est 4 600 emplois. Et avec une enveloppe de 250 millions, on est bien loin des 8 milliards accordés à Renault, font-ils remarquer.