Taxirail
Mobilité

Le Taxirail à la reconquête des petites lignes ferroviaires

par Mack Salman
Publié le 1er mai 2023 à 19:13 Mise à jour le 9 mai 2023

Avant 1914, en France les petites lignes de train s’étendaient sur plus de 40 000 kilomètres à travers la France et desservaient jusqu’au plus profond des campagnes. Sous la pression des lobbys de l’automobile et du pétrole elles ont cependant été délaissées. Mais les récentes crises appellent à des solutions moins coûteuses économiquement et écologiquement. Le Taxirail, projet de train autonome, se prévaut d’être une solution viable face à ces problématiques.

« Je ne suis ni un grille-pain, ni une valise à roulette. Qui suis-je ? » C’est ainsi que fut introduit le sujet sur le Taxirail, il y a bientôt deux ans, en référence à sa forme si particulière. Le « train du futur », comme l’a baptisé Régis Coat, son inventeur, a un objectif : sauver les petites lignes ferroviaires.

Une solution alternative aux moyens classiques

Les petites lignes ferroviaires représentent aujourd’hui environ un tiers du réseau ferroviaire français, avec 9 000 kilomètres sur un total de 30 000. Mais nombre d’entre elles ne sont plus utilisées ou ont même disparu depuis le début du XX e siècle et l’apogée du réseau ferroviaire français. Il y avait alors plus de 30 000 kilomètres de petites lignes. Une disparition officiellement liée à un souci de rentabilité pour des trajets trop peu fréquentés, avec des horaires souvent inadaptés à la demande, pour permettre la circulation du coûteux Transport express régional (TER). Des trajets parfois effectués à vide, sans voyageurs, qui ont inspiré à nos voisins Francs-Comtois une expression : « Des trains qui promènent les banquettes au milieu des herbes folles ».

3 lignes dans les Hauts-de-France

Le Taxirail serait, selon son créateur, une solution à coût maîtrisé pour 200 à 300 de ces petites lignes qui jalonnent le territoire français. Dans les Hauts-de-France, trois lignes seraient compatibles avec cette innovation : Villeneuve d’Asq-Orchies, Abbeville-Le Tréport et Lille-Comines. Fin 2023, le dispositif sera en essai à Port-Jérôme sur-Seine, en Normandie, sur une voie de 1,6 kilomètre. La mise en circulation est, elle, espérée courant 2025.

Comment ça marche ?

Les voitures font chacune 6 mètres de long et 2 mètres 80 de large et peuvent accueillir jusqu’à 40 personnes, dont 16 places assises. Cependant, pour de plus grosses fréquentations, il est possible de faire un peloton de 3 modules afin de monter la capacité à 120 personnes. Alimenté par un système hybride électrique et hydrogène, ce véhicule a une autonomie de 500 kilomètres. Un système également bien plus léger avec ses 2 tonnes contre les 50 tonnes d’un TER. Et surtout, le fonctionnement est totalement autonome, ce qui peut répondre à la problématique du manque de conducteurs de trains dans l’Hexagone. Les horaires peuvent être modulables selon la demande grâce à une application. Enfin, les véhicules peuvent être fonctionnels 24 heures sur 24, 7 jours sur 7.

Paroles à...

Vincent Debeir, adjoint au maire de Tressin

« Je pense que Taxirail serait une bonne solution pour réhabiliter la ligne Villeneuve d’Asq-Orchies. La cadence d’un train tous les quart d’heure pourrait, en partie, régler les problèmes de bouchons sur l’A23 et la M941 qui font perdre presque une heure aux personnes qui travaillent sur la métropole lilloise. Cela ne devrait pas forcément coûter plus cher que des nouveaux bus à hydrogène, pour lesquels il faudrait créer une voie spécifique. »

Régis Coat, président de Taxirail

« Taxirail est une solution pour les soucis de circulation et de pollution au travers du report modal, c’est-à-dire de quitter la voiture pour un mode de transport plus écologique. Deux études sont pour l’instant lancées, de Port-Jérôme à Bréauté en Normandie, et de Dignes-les-Bains à Château-Arnoux dans les Alpes-de-Haute-Provence. Pour cette dernière, ce serait une première réouverture d’une ligne fermée en France. »