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Ouverture du rail au privé :

La Région attribue le réseau de « l’Étoile » d’Amiens à... la SNCF !

Publié le 11 avril 2023 à 11:59

Jeudi 30 mars, le président du conseil régional Hauts-de-France ne cachait pas sa satisfaction en commentant l’attribution à SNCF Voyageurs du premier lot de TER mis en concurrence dans la région. Le lot concerné porte sur les lignes autour d’Amiens : l’Étoile d’Amiens. Transdev (filiale de la Caisse des dépôts) était dans la course mais a perdu face à la SNCF. Pour Xavier Bertrand, cela ne peut que démontrer une chose : quand la SNCF veut, elle le peut. L’an dernier, il avait suspendu les paiements à l’opérateur historique en raison des retards répétés des trains. Le président de Région avait alors affirmé que l’ouverture à la concurrence servirait à dynamiser l’opérateur historique. Les faits semblent lui donner raison. À un détail près : pour candidater, la SNCF a dû mettre en place une filiale dédiée qu’elle exploitera pendant neuf ans à compter de décembre 2024.

30 C’est, en pourcentage, la diminution du prix du kilomètre train proposé par SNCF voyageurs pour exploiter l’Étoile d’Amiens. 17 En pourcentage, c’est la part que représente l’Étoile d’Amiens parmi les TER des Hauts-de-France. 98,5 En pourcentage, c’est le taux de régularité que promet SNCF Voyageurs pour exploiter l’Étoile d’Amiens.

Considérant les enjeux et les risques d’une telle opération, les élus communistes et socialistes (Gauche républicaine et écologique) n’ont pas pris part au vote. Ils s’interrogent sur l’avenir des salariés qui seront transférés dans la filiale. Ils se questionnent également sur le contrat passé avec la Région : le prix du kilomètre train est moins cher de 30 % et l’opérateur garantit 98,5 % de régularité sur les lignes. « L’Étoile d’Amiens regroupe des lignes difficiles, disent-ils. Comment la SNCF peut-elle être sûre d’une telle régularité ? Sur quoi va-t-elle réaliser ses 30 % de marge, sinon sur le dos des salariés ? » Côté Région, on a prévu de grosses pénalités en cas de retard ou d’une mauvaise qualité du service.

3 questions à... Arthur Lalan, collaborateur des élus communistes au conseil régional

Lors de l’attribution de l’Étoile d’Amiens à SNCF Voyageurs, les élus communistes et socialistes n’ont pas pris part au vote. Pourquoi ? Quand on a su que cette étoile allait être attribuée à la SNCF, il y a eu une sorte de grand moment de soulagement chez les syndicalistes cheminots. L’ennui, c’est que pour candidater, la SNCF a créé une filiale de droit privé. Pour nous c’est un problème parce que cela veut dire que des cheminots vont être transférés sur cette filiale. Même si la Région dit s’engager sur un certain nombre de critères sociaux, on ne sait rien sur les futures conditions de travail des salariés.

L’an passé, l’exécutif avait suspendu ses paiements à la SNCF en raison des retards répétés des trains. Qu’est-ce qui a changé  ? Dans le contrat qui vient d’être passé, il y aura des pénalités élevées en cas de non-respect de la qualité de service. Et si, au bout de deux ans, les conditions ne sont pas respectées, le contrat pourra être dénoncé, il faudra refaire un nouvel appel d’offres.

Quid du service public ? Il est en manque chronique d’investissements sur le matériel roulant, sur les rails, sur la voirie. Il y a besoin de recruter un maximum de cheminots pour les trains, les quais, les technicentres, les aiguillages. En fait ce contrat ne répond à aucun de ces points. Si ces investissements ne sont pas mis sur la table, on ne va pas solutionner le problème.

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