VIOLENCES, SUPPRESSIONS DE POSTES...

À l’école, la colère grandit

par Mathieu Hébert
Publié le 16 novembre 2018 à 10:55

Les enseignants manifestaient le 12 novembre. Dans une rare unité syndicale, ils dénoncent la dégradation de leurs conditions de travail et les chances de réussite des élèves.

Une prof mise en joue à Créteil. Un élève tabassé et filmé devant son établissement à Fourmies... A chaque semaine, l’école fait les gros titres, plutôt à la rubrique faits divers. C’est dans ce contexte que les syndicats de l’Education nationale appelaient à la grève le 12 novembre, dans une rare unanimité.

Karine Trottein et Eric Bocquet, de la fédération du Nord du PCF, dans la manif régionale, à Lille le 12 septembre.

Quand tous les syndicats de l’Education nationale appellent à la grève, c’est bien qu’il y a un malaise à l’école. Les suppressions de postes en sont l’un des principaux motifs. Le gouvernement prévoit de supprimer en 2019 2650 postes d’enseignants et 400 postes chez les personnels administratifs.

« C’est une nouvelle dégradation des conditions d’études des élèves et de travail des personnels qui est programmée  », observent les syndicats de l’Education nationale dans la région, de la CGT à l’Unsa en passant par les autonomes du SNALC, qui représente les personnels des collèges et lycées.

Alors que le ministre de l’Education nationale Jean-Michel Blanquer ne jure que par son slogan de « l’école de la confiance », les syndicats s’estiment mis devant le fait accompli. « C’est avec consternation et colère que les organisations syndicales ont découvert les annonces budgétaires pour l’année 2019, enterrant de fait la priorité à l’Éducation nationale  », écrivent-elles dans un communiqué commun.

« Cela n’est pas compatible avec l’ambition d’un enseignement de qualité et d’une plus grande égalité de réussite, ni d’une bonne organisation administrative du système éducatif  », poursuivent les organisations syndicales. « C’est au contraire des milliers de postes qu’il faut créer à la fois pour tenir compte de l’augmentation démographique et pour améliorer le taux d’encadrement des élèves, mesure indispensable pour la réussite de tous les élèves. » Plus d’élèves, moins de profs et d’encadrants. Cherchez l’erreur.

Le ministère, lui, insiste sur l’allègement du nombre d’élèves dans les classes de CP des quartiers pauvres (REP), vante des réformes « au service de tous  »... « Mais la mise en place des réformes, notamment celles des lycées (qui sont loin de faire l’unanimité) est l’occasion pour le gouvernement de supprimer une bonne partie de ces postes  ».

Le gouvernement souhaite la suppression de 1220 000 postes dans les services publics. « L’Education nationale (en) fait les frais  », note les syndicats.

Orientation scolaire : les paroles et les actes

Le gouvernement communique beaucoup sur l’accompagnement des élèves pour les aider à mieux choisir leur orientation. Mais que fait-il ? La réforme de l’orientation prévoit le démantèlement des délégations régionales de l’ONISEP (DRONISEP), transférant ses compétences aux Régions, et du réseau des Centres d’Information et d’Orientation (CIO), en n’en conservant qu’un seul par département.

Quant aux directeurs de CIO et psychologues de l’Éducation nationale (PsyEN), ils seraient répartis dans les établissements. « Non seulement les PsyEN ne seront pas plus disponibles, mais ils seront privés de l’appui de l’équipe du CIO pour l’analyse de situations ou de cas difficiles  », résument, dans une tribune commune, plusieurs organisations de l’Education nationale, des étudiants et des parents d’élèves (FCPE, UNL, UNEF, CGTeduc’action, FNECFP-FO, SE-UNSA, SNES-FSU, SNPTES, SUD éduc).

« On court alors le risque de voir la pression s’accentuer sur les choix des élèves, en particulier des plus fragiles, ceux qui ne se pensent pas capables, ou habitant aux "mauvais endroits", ceux qui auront été "positionnés" comme en difficulté, ou qui renonceront, considérant que telle formation n’est pas pour eux  », poursuit la tribune.

Les signataires réclament le maintien du réseau des CIO, et le recrutement de psychologues supplémentaires.