Dunkerquois

Accompagner l’économie locale pendant la pandémie

par Franck Jakubek
Publié le 24 avril 2020 à 12:14

Faire face à une situation inédite oblige à l’innovation. Dans le Dunkerquois, travailler ensemble est quasiment devenu une façon de vivre. Il faut dire que le territoire a traversé un nombre incalculable de crises majeures. Apprendre à rebondir, construire une alternative est devenu une seconde nature pour les responsables politiques et économiques.

François Lavallée, président de la CCI Littoral Hauts-de-France, ne manque pas de le rappeler, « nous avons l’habitude de travailler en commun » et de chercher des solutions aussi. Dans un contexte national où la consommation nationale subit un repli de 35 % selon l’Insee, aucun secteur n’est épargné. Des cafés, hôtels restaurants, aux boutiques de mode, en passant par les loisirs ou la cultures, indépendants, sous-traitants, industriels… L’impact économique est énorme. Sur le littoral, 1 700 dossiers ont été examinés dont 600 pour le Dunkerquois. 25 % des demandes concernaient le fonds de solidarité. L’industrie constate une baisse des carnets de commande pour les trois mois à venir, avec une perte de 40 % de chiffre d’affaires en moyenne.

Dans une enquête de la CCI du 1er avril qui a obtenu 600 réponses, 70 % des entreprises déclaraient être fermées. Les entreprises affichent des pertes allant de 25 à 60 % des objectifs et la moitié ont des soucis de trésorerie. Seule la centrale EDF de Gravelines a maintenu, et pour cause, sa production. Les entreprises restant ouvertes tournent de 30 à 80 %.

Patrice Vergriete
Maire de Dunkerque et président de la communauté urbaine de Dunkerque (CUD)

« Il faudra un accompagnement très fort » souligne le président de la CCI qui rappelle que tous les dossiers soumis sont remontés à la région et au préfet et traités au fil de l’eau. Beaucoup de petites et moyennes entreprises vivent au jour le jour, c’est notamment le cas pour les artisans. Les dossiers d’aide sont traités en priorité et les versements ont lieu souvent dans un délai de moins de 72 heures. « Une véritable bouffée d’air, c’est quasiment alimentaire pour certains » rappelle un responsable. Christophe Fremaut, pour la Chambre des métiers et de l’artisanat, est le premier à souligner l’action de la CUD, « une des premières OPCI à réagir ».

Mais les principales inquiétudes portent bien sur les conditions sanitaires de reprise. Les discussions sont en cours dans les entreprises pour la reprise sur la base du 11 mai proposée par le gouvernement. Pour les employeurs, l’inconnue reste l’accès aux masques dont le « marché lucratif  » pour certains, les réquisitions et les hésitations du gouvernement rendent incertaine la mise à disposition du matériel nécessaire. La santé du personnel est un enjeu fort pour une reprise maîtrisée.

Promouvoir l’innovation

Patrice Vergriete, maire de Dunkerque et président de la communauté urbaine de Dunkerque (CUD), rappelle qu’en plus des mesures nationales d’urgence, la communauté a accepté le report des loyers pour les entreprises exerçant leurs activités dans des bâtiments de la CUD. Des actions de promotion des producteurs et commerçants locaux sont mises en œuvre, tout comme des « drive » pour permettre une reprise de la consommation dans les conditions les plus conformes aux règles de confinement. « Nous sommes à une période charnière et nous commençons à comprendre à peu près les enjeux depuis le début du confinement. » une période qui doit permettre de poser les orientations et tirer les enseignements afin de permettre d’anticiper.

Cette semaine sont donc créés trois comités, sur l’industrie, le commerce et le BTP afin de pouvoir faire le point chaque semaine sur l’évolution de la situation sur deux axes stratégiques : l’amortissement du choc financier, et l’adaptation de l’économie. D’un côté donc, comment compenser les pertes financières et rechercher des solutions nouvelles sans s’appuyer forcément sur des subventions. De l’autre, anticiper les nouveaux modes de consommation, les règles qui s’imposent pour vivre avec le virus et donc s’adapter à de nouveaux risques. Il s’agit pour le président de la CUD d’ouvrir de nouvelles perspectives au territoire en recherchant l’innovation, en la valorisant pour anticiper et faire des nouveaux risques un atout pour développer l’environnement local.

Anticiper un nouveau mode de vie

Pour le commerce, parmi les pistes évoquées, le nombre d’ouvertures du dimanche, limité à cinq en temps normal, pourrait être élargi jusqu’à la fin de l’année. Cette mesure sera-t-elle suffisante pour compenser les effets négatifs pour les commerces fermés depuis le 17 mars ? Autre levier, ne pas percevoir la taxe sur les terrasses. Dunkerque a pris la décision de le faire. Les autres maires de l’agglomération devraient faire de même. L’incitation au « consommer local  », la promotion des commerces locaux sont aussi des pistes envisagées. « Les gestes barrière doivent être intégrés dans notre façon de vivre » indique Patrice Vergriete. La CUD prévoit de créer un fonds pour soutenir les commerces devant faire des travaux de mise en adéquation aux règles sanitaires. Et avec le développement du numérique et de la vente à distance, l’explosion des drive, pourquoi pas la création d’une plateforme numérique de vente locale.

Dunkerque fait également le choix de préserver un maximum d’animations et d’événements afin de permettre de maintenir une offre touristique disponible en intégrant dès maintenant les règles de distanciation sociale dans l’organisation des événements. « Nous voulons permettre que nos plages, nos équipements puissent être fréquentés avec la garantie des règles de sécurité. » Pour Patrice Vergriete, mieux vaut un chiffre d’affaires réalisé par les commerçants autour d’un événement que des fermetures d’établissements ou le recours à la subvention pour financer les pertes.