Saint-Saulve

Ascoval a besoin de temps pour rebondir

par Philippe Allienne
Publié le 20 décembre 2019 à 13:02

Difficile de s’y retrouver dans le feuilleton de la reprise d’Ascoval (Saint-Saulve) et de Hayange, en Moselle. Après sa reprise par le britannique British Steel, validée en mai dernier par le Tribunal de grande instance de Strasbourg, Ascoval vit encore en sursis pour quelques mois. La mise en faillite du groupe britannique n’a pas d’incidence puisque l’usine appartient désormais à Olympus Steel (détenu par Greybull Capital) et dont British Steel est une filiale.

Cordon ombilical

Mais Ascoval est lié à Hayange (en phase de reprise par le chinois Jingye) par un cordon ombilical : « un contrat pour la SNCF qui n’est valable que si nous travaillons pour Hayange », explique Nacim Bardi, délégué CGT d’Ascoval.

En clair, l’usine de Saint-Saulve fabrique de l’acier pour l’usine d’Hayange, des blooms, c’est-à-dire des aciers longs de section carrés à partir desquels l’usine de Moselle fabriquera des rails pour la SNCF. Un contrat a été conclu entre Réseau Ferré de France (RFF), Ascoval et Hayange. Problème : l’entreprise de Saint-Saulve ne pourra l’honorer qu’à partir de septembre 2020, c’est-à-dire quand elle aura investi pour adapter son outil de production.

Cela étant, Saint-Saulve ne dépend pas que de ce contrat SNCF. L’un de ses atouts réside dans son savoir faire en production d’acier de haute qualité. Dans une contexte où le marché de l’acier est très difficile et reste pour partie suspendu à la crise automobile, Arcelor doit, pour s’en sortir, trouver de nouveaux clients. Pour l’instant, le site travaille toujours pour Valoourec pour qui il produit des aciers spéciaux, marché sur lequel il est compétitif.

Des contacts existent par ailleurs entre l’industriel Aramco, qui vient d’entrer en bourse, (1 400 milliards de dollars). Ce dernier a besoin d’acier de haute qualité pour ses forages. Cela constitue donc un bon espoir de débouché pour l’usine de Saint-Saulve. Mais, en attendant, tempère Nacim Bardi, l’usine tourne au ralenti. « Nous travaillons une semaine sur deux » . Après la trêve de fin d’année, les 270 salariés reprendront la production le 13 janvier.

À la recherche de nouveaux clients « Nous espérons que la trésorerie tiendra jusqu’en juillet afin que nous ayons le temps de mettre en place les investissements prévus », dit Nacim Bardi. Un laps de temps qui doit également être mis à profit pour diversifier la clientèle dans un contexte peu favorable. Et à condition que l’usine ne perde pas de techniciens.

Au moins, les versements promis par l’État sont bien effectués dans les délais. Le Fonds de développement économique et social social doit encore verser 5 millions d’euros d’ici la fin de ce mois.