L’effet Covid

Face à une BNP réticente, Conforama appelle à l’aide et rouvre ses magasins

par Philippe Allienne
Publié le 22 mai 2020 à 10:33

Lors du second semestre 2019, les magasins de Conforama étaient dans la tempête. L’enseigne qui appartient au groupe Steinhoff International à qui l’a cédée, pour 1,2 milliard d’euros à Pinault Printemps Redoute - Kering - en 2011, n’en était pas à ses premières difficultés. Un plan social avait été conclu et devait être mis en œuvre en début d’année. Il porte sur la fermeture de 32 magasins sur un total de 200 sur le territoire.

Dans le Nord et le Pas-de-Calais, trois établissements (120 salariés) sont concernés sur 17 : Leers, Louvroil et Calais. L’accord majoritaire permettant le plan social avait été signé par la CFDT, FO et la CGC. La CGT avait refusé. Aujourd’hui, les 32 magasins fermés ne peuvent plus rouvrir et les 1 900 salariés attendent leur sort. Fin 2019, explique Éric Sabetaï, délégué syndical central CFDT, l’entreprise avait commencé à renouer avec des résultats positifs et le début de l’année 2020 s’annonçait plutôt favorable.« Nous étions à deux doigts de lancer le processus du plan social, dit le syndicaliste, quand est survenue la pandémie en France. Avec le déconfinement il a fallu fermer tous les magasins. »

9 000 salariés

Tout est donc remis en question et les 1 900 salariés concernés par le PSE sont dans l’expectative.Pour poursuivre le plan l’entreprise a besoin de trésorerie. Elle s’est donc tournée vers l’État afin d’engager une procédure de PGE (Prêt garanti par l’État), le dispositif mis en œuvre parce dernier pour aider les entreprises affectées par les conséquences de la crise sanitaire.Ce prêt porte sur 320 millions d’euros. Problème, si l’État joue le jeu et garantit le prêt à hauteur de 90 %, la BNP a jusqu’à présent refusé d’avancer l’argent.Selon cette dernière, qui a adressé un communiqué à l’Agence France Presse, elle « n’est pas la banque de Conforama France ».

Ne voulant pas donner l’impression de fermer totalement la porte, elle ajoute que « si un nouveau projet industriel et commercial, de long terme et mobilisant les actionnaires actuels ou de nouveaux actionnaires, devait se dessiner, (elle) l’examinerait ».Mais pour l’heure, elle n’est pas revenue et n’a même pas participé à la dernière réunion.Pour les syndicats, qui affirment au contraire que BNP-Paribas est un des principaux partenaires de l’enseigne, l’attitude de la banque risque de mener Conforama France à la faillite et menace l’avenir des 9 000 salariés (dont ceux qui font partie du PSE). Sans compter les emplois indirects : 20 000 chez les fournisseurs et les fabricants.

Réouverture totale le 28 mai

Le 17 mai, l’enseigne But (également spécialisée dans l’ameublement) a déclaré être prête à mettre entre 200 et 300 millions d’euros sur la table pour reprendre Conforama.Les deux entités resteraient indépendantes.La direction de Conforama n’aurait pas souhaité donner suite. Selon elle, cette proposition ne serait « pas réaliste et menacerait l’emploi et la filière meuble ».

En attendant, 19 magasins ont rouvert. Il s’agirait surtout de renflouer les caisses pour payer les salaires mais aussi de rassurer le gouvernement et les banques et de s’assurer que les clients sont au rendez-vous. C’est le cas. Dans ce contexte, un CSE central vient de se tenir, ce 20 mai, pour décider d’une réouverture de tous les magasins (sauf ceux concernés par le PSE) à partir du 28 mai. Le président du groupe a donné son feu vert.