Le Crédit du Nord craint d’être mangé par la Société générale

Si la CGT du groupe Société générale se dit « consciente de l’évolution du contexte économique, réglementaire, concurrentiel et de l’évolution des attentes des clients », elle refuse de se résigner « à ce que l’addition soit présentée aux seuls salariés (en termes d’emploi et de réduction de coûts) alors que des milliards de dividendes ont été déversés ces dernières années et que les banques militent pour verser à nouveau rapidement des dividendes ». Elle souligne que « la faiblesse du cours du titre nous place en position de faiblesse et de proie face à une opération hostile ». Au Crédit du Nord, où l’on craint la perte de l’enseigne, on a du mal à croire qu’il n’y aura pas de « départs contraints », comme cela est souvent répété. Voilà des années en effet que des postes de travail sont progressivement supprimés. Dans le cas de l’opération en cours, on annonce la fermeture de 600 agences afin d’éviter les « doublons ». La CFDT du Crédit du Nord estime que les deux banques pourraient perdre au moins « entre 3 000 et 5 000 emplois ». Les deux réseaux (10 millions de clients au total) ne devraient en effet plus faire qu’un à compter du premier semestre 2023. La direction entend faire une économie de plus de 350 millions d’euros en 2024. Elle évoque l’enjeu de la transformation digitale et des nouveaux usages de ses clients, dans le contexte de la crise sanitaire. Le groupe bancaire aurait perdu plus d’un milliard d’euros au premier semestre sous l’effet de la crise de la Covid-19, mais... se serait repris en partie au troisième trimestre. Le groupe bancaire annonce que l’étude du rapprochement est toujours en cours et « mobilise les équipes des deux réseaux ». Cela ne rassure pas les représentants des salariés. « À un moment, dit-on au Crédit du Nord, il était question de créer une nouvelle marque sur la base du réseau consolidé. Mais en fait non, seule la marque Société générale va à terme rester ». Alors que l’on parlait de fusion, il serait plutôt question aujourd’hui d’absorption du Crédit du Nord. Pour le président du SNB/CFE-CGC, le premier syndicat du secteur bancaire, « garder le meilleur du Crédit du Nord, c’était peut-être simplement garder les agences les mieux positionnées ».