Pévèle

Le désarroi des salariés d’Agfa, à Pont-à-Marcq

par Philippe Allienne
Publié le 4 septembre 2020 à 13:56

Alors que le 28 août, les salariés d’Agfa (Pont-à-Marcq) avaient fait le déplacement pour apporter leur soutien à leurs collègues de Cargill, ces derniers leur ont rendu la pareille trois jours plus tard.

Ce lundi 31 août, l’entrée du site Agfa-Gevaert était fermée par deux rouleaux d’aluminium, la matière qui sert à fabriquer des plaques sensibles pour les rotatives offset de l’imprimerie. Toute la matinée, un piquet de grève veillait à ne laisser entrer personne tandis que les salariés distribuaient des tracts pour alerter sur leur situation. Pour les 175 salariés, la douche froide est tombée le 11 juin dernier, lorsque la direction belge leur a annoncé, non sans brutalité, la fermeture de l’usine pour la fin de cette année. C’est la fin d’une histoire de 85 ans. «  Dans les années 70, se souvient Jean-Paul Verdière, secrétaire général de l’UL CGT de Seclin, et ancien d’Agfa, le site employait 1 100 salariés. Il était considéré comme un pôle d’excellence pour l’ensemble du groupe. Toutes les nouveautés y étaient testées. » L’usine était en effet le centre d’essai pour le groupe flamand.« Au plus fort de la production, confirme un agent de maîtrise (35 ans d’ancienneté), nous produisions 42 millions de m2 et l’usine tournait 7 jours sur 7. J’ai fait parti des volontaires pour travailler le week-end. C’était entre 2000 et 2012. Et puis, la production a chuté à 12 millions de m2. » Un syndicaliste note qu’un cadre et sa famille sont partis en Chine, il y a quelques années, où était déjà installé un autre site. « Officiellement, c’était pour régler des problèmes de fabrication, raconte-t-il. Mais nous avons toutes les raisons de penser qu’il s’agissait d’un transfert de notre savoir-faire. » Aujourd’hui, la CGT dénonce un projet de délocalisation. En fait, explique le secrétaire du CSE-CGT, Jean-Michel Bar, « une alliance a été conclue il y a un et demi avec la société Lucky, en Chine. Aujourd’hui, nous le payons et nos 175 emplois avec ! » Le marché est en perte de vitesse depuis plusieurs années et le site de Pont-à-Marcq n’est pas le seul à être menacé. Celui de Leeds, en Angleterre, va également fermer. 75 emplois vont être supprimés. C’est cette unité qui livre les rouleaux d’aluminium pour celle de la Pévèle. Seule l’usine de Wiesbaden, en Allemagne, semble pour l’instant préservée. En attendant, les salariés de Pont-à-Marcq se battent pour un plan social correct. Depuis juin, le dossier avance doucement, mais le compte n’y est toujours pas. « La direction nous propose une indemnité extra- légale de 2 500 euros par personne, 10 à 15 mois de congés reclassement, selon l’ancienneté, et 700 000 euros pour de la formation. C’est insuffisant », estime la CGT. Autre souci : l’âge moyen des 175 salariés est de 50,6 ans. Si 30 % de l’effectif peut faire valoir ses droits à la retraite, pour les autres, l’échéance reste lointaine. Le 11 septembre, une réunion est programmée en préfecture avec les syndicalistes et les élus.