Ascoval, WN, General Electric, ArcelorMittal

Les mauvaises annonces pour l’industrie

par Philippe Allienne
Publié le 31 mai 2019 à 12:45

Hasard du calendrier ? Toutes ces annonces arrivent dans les journées qui suivent les élections européennes. Toujours est-il que l’heure n’est pas à la joie pour les salariés des quatre entreprises concernées.

General Electric (Belfort).

Tout commence avec l’annonce par le géant américain General Electric (GE), mardi 28 mai, d’un projet de suppression de suppression de 1044 postes sur les sites de Belfort et de Bourogne (Territoire de Belfort) et de Boulogne Billancourt (Hauts-de-Seine). Environ 800 emplois portent sur la production de turbines à gaz. Lorsque GE avait repris la branche énergie d’Alstom, il avait promis de créer un millier d’emplois. C’est exactement l’inverse qui se produit. « L’usine produit des turbines à gaz, or depuis la reprise, la conjoncture a changé », se défend la porte-parole du gouvernement, Sideth N’Diaye pour qui, de toute façon, « la production a recours à de l’énergie fossile », donc à un modèle passé. Elle assure pourtant que les salariés ne seront pas abandonnés. Pour elle, en tout cas, on ne peut rien reprocher à Emmanuel Macron. C’est ce dernier pourtant, lorsqu’il était ministre de l’Economie, qui avait autorisé la vente des activités énergie du groupe français Alstom à General Electric (GE) en novembre 2014. Plus tard, devenu président, il avait promis de se montrer « extrêmement vigilant » sur la situation sociale de l’entreprise.

WN (Amiens).

Le lendemain de l’annonce de GE, c’est au tour du repreneur de Whirlpool, à Amiens, l’industriel picard Nicolas Decayeux (par ailleurs président du Medef local) d’informer qu’il est en dépôt de bilan et que son entreprise, WN, est placée en redressement judiciaire. Le repreneur voulait produire des casiers réfrigérés connectés et des chargeurs de batteries pour vélos et voitures. Un après la reprise, le chiffre d’affaires est très insuffisant et les débouchés commerciaux ne sont pas au rendez-vous. L’Etat avait versé 2,5 millions d’euros et Whirlpool 7,4 M € . Nicolas Decayeux avait repris le site le 31 mai 2018 après la fermeture de l’usine américaine d’électro-ménager, délocalisée en Pologne. 162 salariés sur 282 avaient été réembauchés. Un an plus tôt, en janvier 2017, Whirlpool employait encore 300 salariés en CDI et 250 intérimaires, sans compter, une centaine de sous-traitants.

ArcelorMittal (Dunkerque).

Mercredi 29 mai, le sidérurgiste AcelorMittal, qui emploie plus de 2500 salariés sur son site dunkerquois, annonce qu’il va réduire sa production d’acier en Europe en raison d’une demande trop faible et d’importations trop élevées. ArcelorMittal est le premier producteur d’acier en France.

ASCOVAL (Saint-Saulve).

La faillite du sidérurgiste britannque British Steel, une semaine après la reprise d’Ascoval, laisse les 270 salariés de l’usine de Saint- Saulve dans le désarroi. Il faut à ce chiffre ajouter une cinquantaine d’intérimaires et les emplois indirects, soit près de 400 emplois au total. Le ministre Bruno Lemaire affirme qu’il faut garder espoir et que la reprise n’est pas remise en cause. L’Etat a versé 47 millions d’euros alors que le repreneur n’a pour l’instant versé que 5 M € sur les 47 prévus. Les prochaines échéances tombent en juin, juillet et septembre. « Comment peut-on croire aux propos rassurants de M. Lemaire alors que nous ne travaillons qu’une semaine par mois et avec des pertes de salaire allant de 200 à 400 euros par mois ? Nous serons rassurés quand nous travaillerons le mois entier » . Pour le délégué CGT Nacim Bardi, il faut que British Steel donne des garanties. Ces garanties risquent d’être difficiles à apporter. British Steel doit ramener les fonds qui permettront de mener les investissements nécessaires, et il doit récupérer les sites de Hayange et de La Haye. Par ailleurs, il est créancier d’une somme de 200 millions d’euros du groupe auquel il appartient. En attendant, les salariés ne savent pas de quoi sera fait leur avenir.