© Jacques Kmieciak
Noyelles-sous-Lens

Les nuages s’amoncellent à France Loisirs

par JACQUES KMIECIAK
Publié le 10 décembre 2021 à 17:41 Mise à jour le 15 décembre 2021

Mardi 30 novembre, les salariés du groupe Actissia Services menacé de liquidation judiciaire ont repris le travail après deux semaines de grève. De la casse sociale est à prévoir au sein de cette entreprise qui emploie près de 220 salariés à Noyelles-sous-Lens.

Les deux repreneurs potentiels, des investisseurs français, avaient jusqu’à mercredi pour faire état de leur offre respective. Surtout intéressé par l’enseigne France Loisirs, Reworld Media est prêt à reprendre une cinquantaine de salariés à l’heure où son rival Financière Trésor du Patrimoine prétend en maintenir cent [1]. Cette dernière société « nous a bien fait comprendre que si la grève se poursuivait, elle se retirerait. Sa volonté serait de relancer l’activité avec un minimum de personnel. En cas de redressement, elle recrutera bien entendu en priorité les salariés ayant fait l’objet d’un licenciement économique », annonce Émilie Lhotellier, déléguée syndicale CGT. Ce chantage à l’emploi a porté ses fruits puisqu’une majorité de grévistes a voté, à main levée mardi dernier, en faveur de la reprise du travail. Les anciens de Setralog, candidats au départ volontaire, auraient sans doute préféré poursuivre le mouvement dans la perspective de décrocher une prime supra-légale à la hauteur de leur investissement pour la marque France Loisirs. « Ici, la moyenne d’âge (53 ans) est plutôt élevée. Certains ont trente ans de boutique. Ils se sont abîmé la santé tant mentale que physique. Ils étaient prêts à aller jusqu’au bout », confirme Émilie. Ils se sont finalement rangés à la décision de la majorité.

Absence de soutien

« Peut-être avons-nous été trop gentils ? Pour ne pas entacher l’image de la marque, nous nous sommes contentés d’être présents devant les grilles. Aurions-nous dû organiser une manifestation ? Des blocages ? Les médias nationaux se seraient alors peut-être intéressés à nous ? » s’interroge Émilie. « Nous avons fait ce qui était possible de faire compte tenu aussi du peu de soutien que nous avons obtenu des candidats à la Présidentielle comme si ces derniers s’étaient résignés à la disparition de France Loisirs », tempère Fabrice Pancerz. Et le délégué syndical CFDT de pointer du doigt l’attitude de Yannick Jadot. Venu le 26 novembre à Dourges soutenir les salariés de Leroy Merlin (groupe Mulliez) en lutte pour une revalorisation salariale, « il n’a pas daigné pousser jusqu’à nous. Et Macron, je ne n’en parle même pas ». L’intersyndicale se félicite néanmoins de la solidarité (ravitaillement) manifestée par les communes des environs. « Jean-Marc Tellier, le maire d’Avion, est même prêt à payer aux Avionnais les jours de grève au cas où les négociations entamées avec l’administrateur judiciaire n’aboutiraient pas », indique Fabrice. Le tribunal de commerce de Paris statuera sur ce dossier ce lundi 6 décembre.

Notes :

[1Finance Trésor du Patrimoine reprendrait 17 salariés sur 34 à Socprest (service administratif), 10 sur 30 à Teralibris (informatique), 42 sur 90 à Setralog (logistique) et 31 sur 61 à Marigny et Joly (centre d’appels).