Galaxie Mulliez

Les salariés de Top Office se battent contre un plan de licenciements

par Philippe Allienne
Publié le 25 septembre 2020 à 13:02

Grève pour protester contre la suppression d’un tiers de l’effectif, appel à un cabinet d’expertise pour contester les chiffres présentés par la direction et rassemblement ce 23 septembre devant le siège de l’entreprise, à Lezennes. L’intersyndicale de Top Office ne veut rien laisser passer.

Les salariés de Top Office, la chaîne de magasins de fournitures et de matériel de bureau créée en 1996 par Patrick Mulliez et André Guilbert, sont furieux.La direction a mis en place un PSE début juillet qui porte sur la suppression de 105 salariés sur un total de 320 en France, la fermeture de six magasins, la disparition des réceptionnaires et des hôtes de caisse, la réorganisation des services centraux. Il doit être bouclé mi-octobre. L’intersyndicale CGT, CFTC, CFE CGC, a appelé à la grève illimitée le 17 septembre. Elle est suivie par 50 à 60 personnes réparties dans une vingtaine de magasins sur les 29 en France. La CGT réclame le maintien de l’emploi.Le CSE a fait appel au cabinet d’expertise Diagoris (Paris). Un représentant de ce dernier s’est rendu au siège de Lezennes, ce mercredi 23 septembre, afin de donner son avis sur les chiffres et de démontrer que le motif économique n’est pas avéré. Pour l’occasion, la CGT a organisé un rassemblement devant l’entrée de l’entreprise auquel se sont joints des militants du PCF et de la JC. Pour la direction, ce PSE se justifie par une dette de 9 millions d’euros. « Mais, objecte Stéphane Leroux, délégué syndical et secrétaire fédéral du commerce CGT, la trésorerie du groupe s’élève à 25 millions d’euros et les fonds propres à 74 M€ ! » Selon l’intersyndicale, la direction prend prétexte de la crise sanitaire afin de restructurer et mettre en place un nouveau modèle économique. Stéphane Leroux en veut pour preuve des choix qu’il qualifie de « désastreux ». Par exemple, les magasins n’ont pas reçu le matériel scolaire pour la rentrée des classes. La direction affirme qu’il y a eu un problème au niveau du centre logistique. « Pas crédible ! » proteste le syndicaliste. D’après lui, il faut remonter sept ans en arrière quand Top Office a choisi de s’orienter vers la vente aux professionnels au détriment des particuliers. Après avoir commencé à vendre des produits sous sa marque et instauré le concept du drive, à partir de 2012, l’entreprise a installé des imprimantes 3D et des scanners dans plusieurs de ses magasins. Pendant un temps (de 2015 à fin 2018), elle a proposé du matériel informatique en leasing.« Aujourd’hui, dit Stéphane Leroux, l’enseigne table de plus en plus sur l’externalisation en prévoyant par exemple de se séparer de la comptabilité. Elle a d’autre part investi plus de 3 millions d’euros pour un logiciel qui permettra de supprimer les hôtes de caisse. Les conditions de travail vont encore se durcir. » C’est aussi une des craintes de l’intersyndicale : « Ceux qui restent vont souffrir d’une poly compétence à outrance, ceux qui partent vont se retrouver très rapidement au chômage et dans la précarité. » « Déjà, explique le représentant de la CGT, les conditions de travail sont déplorables. Il faut toujours travailler plus vite. À Marseille, un accident grave s’est produit il y a trois ans. Nous sommes loin de l’esprit familial du début. Les salariés ne viennent plus avec le plaisir d’autrefois et subissent l’autoritarisme d’une direction qui ne veut rien entendre. » Dans leur ensemble, si l’emploi ne peut être maintenu, les syndicats réclament un « accompagnement financier digne du groupe pour permettre aux salariés de rebondir ».