Ehpad privés

Les salariés de Korian en lutte pour leurs libertés syndicales

par Philippe Allienne
Publié le 22 mars 2021 à 14:52

Ce jeudi 11 mars, à l’appel de la CGT, les salariés du groupe Korian se sont mobilisés un peu partout en France pour soutenir un de leurs délégués syndicaux poursuivi par la direction. Cette dernière lui reproche de s’être exprimé dans une émission télévisée sur la réalité des Ehpad.

Albert Papadacci est délégué syndical central CGT de Korian. C’est à ce titre que, le 18 novembre dernier, il était invité dans l’émission de France 3 « Pièces à conviction ». Le thème était : « Covid-19 : Que se passe-t-il vraiment dans les Ehpad ? » Dans une enquête réalisée durant près de six mois, les journalistes Xavier Deleu et Julie Pichot révélaient que, pendant le confinement, au printemps 2020, « l’ensemble de la prise en charge des résidents d’Ehpad avait posé question ». Interrogé en plateau à la suite de la diffusion de ce reportage, Albert Papadacci a dénoncé la gestion de la crise sanitaire dans les établissements du groupe Korian (300 maisons de retraite en France et des établissements en Allemagne, en Belgique, en Espagne, en Italie et aux Pays-Bas). « Il n’a fait que porter la parole des salariés qui souhaitaient ainsi s’exprimer à travers lui », explique Nour-eddine Aghanbou, délégué syndical CGT pour les établissements des Hauts-de-France. Cela n’a pas été du goût de la direction qui le poursuit pour « complicité de diffamation envers un particulier. » Pour la CGT, il s’agit d’une « procédure-bâillon ». L’affaire était jugée devant le tribunal de Paris ce jeudi 11 mars. C’est là que plusieurs unions locales et départementales CGT ont donné rendez- vous aux salariés pour soutenir leur collègue et exiger l’abandon de toutes les procédures contre ses militants. D’autres, comme dans la Meuse ou dans l’Hérault, ont organisé des rassemblements devant les établissements du groupe. La mobilisation a même atteint les Ehpad situés à l’étranger. « Nous sommes outrés par cette tentative de l’entreprise de criminaliser et de faire taire un syndicaliste engagé. La liberté d’expression et la liberté syndicale ne doivent pas se faire écraser », dénonce par exemple Matthias Gruss, secrétaire responsable du groupe Korian Allemagne « En déposant plainte contre le délégué syndical central, lit-on dans un tract commun de la CGT santé, santé privée et Korian, la direction se déculpabilise en bafouant et méprisant les libertés syndicales, le droit d’expression et la liberté de la presse. » Le syndicat pointe les conditions de travail, le manque de matériel et la priorité à l’économie au détriment des salariés. Autant de questions évoquées dans l’émission de France 3. « Depuis le début de la pandémie, poursuit-elle, la CGT Korian alerte sur la situation et sur la gestion de crise économique et capitalistique menée par Korian. »