Prêt-à-porter

Pimkie veut transférer son personnel logistique à moindre coût

par Philippe Allienne
Publié le 20 mars 2020 à 14:17

Le Coronavirus contrarie la lutte des salariés de l’enseigne de prêt-à-porter Pimkie qui protestent contre le transfert de l’activité logistique. Ils n’en demeurent pas moins vigilants.

Depuis le 10 mars, l’intersyndicale composée de la CGT, FO et la CFDT avait décidé une action quotidienne pour protester contre le sort de 69 salariés du secteur logistique de l’entreprise. Un rassemblement avait d’ailleurs eu lieu, ce jour-là, devant le siège social de Villeneuve-d’Ascq. Le lendemain il y en a eu un autre devant le siège de Log’s, l’entité logistique de Grimonprez vers sur le plan juridique, ne veut rien dire.

« Tout remonte, explique Valérie Pringuez, déléguée syndicale CGT, à 2018 lorsque Pimkie a mis en place un plan de départs volontaires avec suppressions d’emplois dans le département logistique de l’entreprise. Il s’agissait en fait de vendre le bâtiment logistique de Neuville-en-Ferrain et d’ouvrir les départs volontaires à hauteur de 41 postes. » Mais une vingtaine seulement des salariés s’étaient inscrits. D’autres se sont ajoutés depuis. À ce jour, il reste six postes.

Transfert illégal

S’il s’agit d’un transfert d’activité, les salariés doivent être protégés et l’emploi maintenu. Mais dans le cas présent, la question se pose différemment. Pour l’avocat mandaté par les salariés, le transfert tel qu’il est proposé n’est pas légal car il ne porte que sur le personnel. L’incorporel (les bâtiments) n’est pas concerné. Et pour cause, Pimkie souhaite revendre les murs dédiés à la logistique. Dans ces conditions, les salariés concernés peuvent décider ou pas d’aller chez Log’s. Mais s’ils refusent, ils seront à coup sûr licenciés économiques. C’est là que les syndicats veulent un accord avec Log’s. Ils réclament une garantie d’emploi durant toute la durée du contrat signé avec Pimkie, soit six ans, ils ne veulent pas de mutations imposées et il réclament une reconduction de la politique sociale telle qu’elle existe chez Pimkie. Cela porte essentiellement sur les tickets restaurants et une mutuelle.

Garantie d’emploi insuffisante

« Chez Log’s, qui gère en fait des PME autonomes, ces avantages n’existent pas. Ils sont certes en train de mettre en place une mutuelle, mais elle sera en-deçà de ce qui est actuelle- ment proposé chez Pimkie ». Garantie d’emploi insuffisante La perte de ces avantages sociaux se chiffrerait à 1 800 euros par an et par salarié. Ces derniers ne sont pourtant pas gourmands. Après 20 ans d’ancienneté, ils perçoivent un salaire égal au Smic, prime comprise. « Nous voulons la compensation de ces 1 800 euros, dit Valérie Pringuez. Soit avec une augmentation de salaire, soit via une prime de transfert conséquente. »

Autre problème : 28 salariés qui pourraient être transférés à ce jour ne pourront trouver de poste adapté. Ils sont en effet en restriction médicale. En étant intégrés chez Log’s, ils pas- seront une visite médicale qui, selon toute vraisemblance, les déclarera inaptes. « Ce n’est pas tout, dit encore Valérie Pringuez. L’accord de transfert est prévu sur six ans. Mais la garantie d’emploi n’est que de trois ans. Dans trois ans, on peut aisément imaginer que les salariés transférés seront licenciés. » Ce serait une manière, pour Pimkie, de se débarrasser d’une partie de son personnel à peu de frais. Quoi qu’il en soit, le Comité social et économique (CSE) doit rendre un avis sur les conditions du transfert. Pimkie a maintenu le calendrier qui prévoit le déménagement pour début mai. Sauf que, faute de réunions possibles, pour cause d’épidémie et de confinement général, cet avis ne peut être rendu. Et le transfert ne peut qu’être différé.