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Pôle emploi : paroles de grévistes

par Mathieu Hébert
Publié le 20 novembre 2018 à 15:03 Mise à jour le 24 novembre 2018

Suppressions de postes, surcharge de travail... Plusieurs syndicats de Pôle emploi appellent à la grève ce mardi 20 novembre.

Venus des cinq départements des Hauts-de-France, ils ont bravé le froid pour manifester sur la place de la République, à Lille devant la préfecture du Nord, ce mardi 20 novembre, à l’appel d’une large intersyndicale (CFDT, CFTC, CGT, SNAP, SNU, Sud, UNSA).
« Le projet de loi de finances acte la suppression de centaines de postes en 2019 à Pôle emploi, soit entre cent trente et cent cinquante dans la région. Et ce n’est pas fini : le gouvernement souhaite supprimer quatre mille emplois dans les trois ans », explique Christian Bernard (CGT), de Villeneuve-d’Ascq.

Nathalie et Isabelle, de Château-Thierry
« Les demandeurs d’emploi nous soutiennent. Ça nous motive ». (Photos Mathieu Hébert)


« Une sorte de deal avec le ministère du Travail prévoyait de ne diminuer les effectifs qu’avec la baisse du chômage. On n’en parle même plus : on nous demande des gains de productivité. Or on n’a pas les moyens d’accompagner les demandeurs d’emploi. Certains agents ont cinq cents chômeurs à suivre. Comment peuvent-ils bien remplir leur mission ? », poursuit le syndicaliste. « Moins la personne est qualifiée, plus elle a besoin d’accompagnement pour avoir des perspectives ».

« On renvoie tout le monde sur internet »

Nathalie et Isabelle ont fait trois heures d’autocar pour rallier Lille depuis Château-Thierry, dans le sud de l’Aisne, où elles travaillent. En charge de l’indemnisation des demandeurs d’emploi, elles déplorent « la charge de travail qui augmente », l’absence de relations directes avec les assurés. « L’accueil ne se fait plus que sur rendez-vous. On renvoie tout le monde sur internet. Internet, internet, internet », soulignent les deux collègues.
La méthode a ses limites : « Les demandeurs d’emploi doivent scanner des documents. Si le document attendu est prévu sur quatre pages et qu’ils en scannent cinq, c’est rejeté », explique Nathalie. « L’automatisation ne fonctionne pas correctement : cela provoque des incidents de paiement ».
Dans leur agence, les deux femmes disent ne pas souffrir de problèmes d’agressivité. « Les demandeurs d’emploi nous comprennent et nous soutiennent. Ça nous motive », résume Isabelle.
« Cette politique s’inscrit dans les choix gouvernementaux de supprimer cinquante mille postes dans les services de l’Etat d’ici 2020 », rappelle la CGT dans un tract. « Le rapport CAP 2022 préconise des restrictions budgétaires et s’attaque à l’ensemble de la Fonction publique. Il réclame des suppressions de postes, un accroissement du recours aux contrats courts et à la précarité, l’abandon de missions publiques par des privatisations et/ou des transferts de missions aux collectivités territoriales ».
D’autres professionnels sont venus soutenir l’action des agents de Pôle emploi ce mardi à Lille, dont des salariés de l’Afpa, l’association de formation pour adultes, également confrontée à un gigantesque plan de suppression de postes.

Daniel et Antoine travaillent à la Mission locale de Lille. Ils sont venus en soutien.

Il y avait également des salariés de la Mission locale de Lille, qui accompagne les jeunes en difficulté. « La fusion des Mission locales et de Pôle emploi est toujours dans le tuyau. On s’y oppose : les enjeux et les publics ne sont pas les mêmes », avance Antoine Troszczynski, délégué CGT de la Mission locale de Lille. Pour l’heure, les dirigeants des Missions locales de la région s’opposent aussi, en raison de la particularité des enjeux locaux. Mais le sujet reviendra bientôt sur la table. Depuis juin, la CGT a créé un syndicat des Mission locales à l’échelle de la grande région.

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